ÉTATS-UNIS

Trumplandia

Le comté de Buchanan, coin isolé et minier de Virginie, au pied des Appalaches, était connu depuis des décennies pour être un “bastion démocrate”. Cette Donald Trump y a réalisé son meilleur score des primaires. Que s'est-il donc passé? Ses habitants racontent.
  • Par Anthony Mansuy
  • 15 min.
  • Reportage
Une usine industrielle située dans une vallée entourée de collines boisées. Il y a des structures métalliques, des cheminées, et un cours d'eau traversant le site. L'atmosphère est brumeuse, suggérant une activité industrielle en cours.
Renaud Bouchez pour Society

À de longues heures de route de toute métropole, au sud-ouest des Appalaches, il est une région à la merci des vagues. Entre les flancs de montagne arborés du comté de Buchanan et jusqu’aux frontières du Kentucky et de la Virginie occidentale, une plante en apparence inoffensive est en train de s’emparer du territoire. Le kudzu, espèce originaire d’Asie subtropicale proche du lierre, a été importé au début du XXe siècle pour lutter contre l’érosion des sols de ce petit coin accidenté de Virginie. Puis, sans que l’on s’y attende, il s’est mis à galoper, incontrôlable, le long des lignes téléphoniques, des rails en bord de route, jusqu’à engloutir les bâtiments, les pick-up abandonnés, tout ce qui se dressait sur son passage. Le long de la route 83, qui serpente entre les monts escarpés des Appalaches, la plante s’est pourtant, aujourd’hui, trouvée un rival de taille. Des pancartes bleu marine plantées partout là où il y a de l’espace, et qui toutes affichent le même message: “Trump/ Pence 2016, Make America great again”.
Le terrain, dévasté économiquement et avec une population à 97% blanche, semble tout à fait fertile pour le démagogue républicain. Les chiffres le confirment: le comté de Buchanan a soutenu Trump à 69,7% lors de la primaire républicaine de début mars. Soit le meilleur score réalisé par le businessman à un moment où la course n’était pas encore gagnée d’avance. Un résultat d’autant plus frappant que le comté votait, pas plus tard qu’en 2008, trois fois plus aux primaires démocrates qu’aux républicaines. Que s’est-il donc passé dans ce petit coin des Appalaches pour que la situation s’inverse ainsi? “La crise”, répondent ses habitants. En laissant le choix de la thématique: économique, industrielle, identitaire, sanitaire.

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
Mario Rodriguez, expulsé en 2005.Photos: Robert Benson pour Society

Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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