
L’impressionnante bâtisse apparaît au bout d’un chemin arboré du bocage du Val de Saire, dans le Cotentin. Pour entrer, il faut passer un lourd porche en pierre, contourner un jardin à l’anglaise agrémenté d’un étang, et fouler un tapis rouge écarlate qui jure un peu avec le reste du décor. Bientôt, des centaines de mocassins et richelieus à talonnettes parfaitement cirés viendront le froisser de leurs pas assurés. Car ce week-end de fin juin, le château de Tocqueville héberge dans une relative discrétion les septièmes Conversations Tocqueville, sorte de grand raout annuel de la droite conservatrice et libérale. “C’est quand même un pari fou d’être capable de ramener les grands leaders au fin fond de la Manche”, s’enthousiasme Jean-Guillaume de Tocqueville, descendant d’Alexis de Tocqueville et à la tête d’une fondation au nom de son prestigieux ancêtre. Parmi ces grands noms venus débattre de “L’heure de l’Europe, entre la révolution MAGA et le révisionnisme russe”, beaucoup sont en effet venus de loin: un ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, un ex-ministre polonais des Affaires européennes, une ancienne porte-parole du Pentagone… Quelques pointures françaises sont aussi annoncées, et pas des moindres: le philosophe Pascal Bruckner, le chroniqueur au Point Nicolas Baverez, le journaliste du Figaro Alexandre Devecchio, le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad ou l’ancien Premier ministre et régional de l’étape, car ancien maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve.