American Apparhell

American Apparhell

Il y a eu la hype et le succès. Puis les scandales sexuels et les accusations de malversations financières. Et enfin, le licenciement. Viré de sa propre boîte, reclus chez lui, Dov Charney, le fondateur d’American Apparel, jouait mi-janvier son va-tout pour récupérer les clés de son empire. Reportage embarqué, entre bravades et crises de larmes.
  • Par Raphaël Malkin, à Los Angeles / Photos: Naomi Harris
  • 32 min.
  • Rencontre
Un homme assis sur des marches en pierre, vêtu d'un t-shirt, d'un pantalon et de chaussures blancs, avec un mur en arrière-plan et une rampe en métal à côté.
photos: Naomi Harris pour Society

Malgré cette épaisse brume chaude et poussiéreuse qui semble étouffer la ville, on y voit parfaitement clair. Droit devant, les fenêtres aux reflets lumineux des buildings de Downtown. À l’ouest, les longues avenues à palmiers d’Hollywood, qui semblent plonger dans l’océan voisin. À l’est, la jungle touffue et vallonnée d’Echo Park. Et puis aussi, tout le reste de cet immense damier qu’est la ville de Los Angeles. Depuis sa terrasse haut perchée, on dirait que le monde tout entier s’offre à lui. Mais lui s’en fiche. Comme il se fiche de cette crotte de chien torréfiée par le soleil qui gît à ses pieds. Pour lui, rien d’autre ne paraît compter que ce téléphone qu’il fixe de ses yeux écarquillés et dans lequel il éructe, comme s’il s’agissait d’un haut-parleur. “C’est une conspiration! Le plus gros scandale qu’ait jamais connu Wall Street! Ils m’ont pressé et ils m’ont viré! On m’a volé mon entreprise!” À l’autre bout du fil, la voix a à peine le temps de rebondir qu’il postillonne à nouveau: “Ils ont cassé ma boîte, ils ont brûlé mes actions!” Sa voix prend soudainement du muscle: “Jamais! Jamais!” Et puis, le ton tombe de plusieurs octaves, jusqu’à se faire larmoyant: “Jamais je n’aurais imaginé me retrouver dans cette position… J’étais trop bon dans ce que je faisais.”

Society #24

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