Enquête

Au nom des pères des fils et de la Sainte-Patrie

L'internat de Riaumont, institution aux allures de village médiéval, était l'un des points de chute favoris pour les enfants difficiles de la droite ultraconservatrice. Depuis que six moines ont été mis en examen pour violences sur mineurs, les langues se délient sur son système d'éducation. Au menu: méthodes paramilitaires, endoctrinement patriotique et accusations de sévices physiques.
  • Par Paul Gasnier
  • 15 min.
  • Enquête
Un garçon en uniforme regarde un groupe de six moines vêtus de robes blanches avec des capes brunes, debout devant une porte de château en pierre. Une bannière orange avec un symbole est accrochée au-dessus de l'arche. Des arbres entourent la scène.
Illustration : Simon Bailly pour Society

L’extrême droite est en deuil. Cet après-midi du jeudi 6 février 2020, elle enterre l’un de ses héros: Roger Holeindre, cofondateur du FN. Sur les marches de l’église Saint-Roch, dans le Ier arrondissement parisien, deux rangées d’anciens combattants parachutistes, étendards de régiment dressés et mentons levés, forment une haie d’honneur, au garde-à-vous, pour saluer leur ancien frère d’armes. Assis au premier rang des fidèles: Jean-Marie Le Pen, l’ami de toujours, coiffé d’un béret vert et la poitrine bardée de médailles. Le visage grave, le “Menhir” est venu entouré de ses lieutenants, de sa famille et de sa petite-fille Marion Maréchal. Tous les regards sont tournés vers l’autel, où un prêtre de 72 ans, lui-même ancien parachutiste, va célébrer la messe selon le rite tridentin: en latin et dos aux fidèles. Petit homme au visage bourru, la voix aiguë et chevrotante, Jean-Paul Argouarc’h porte des rangers militaires aux pieds. Il est le directeur emblématique de Riaumont, une communauté traditionaliste installée à Liévin, dans le Pas-de-Calais, qui abrite un internat pour garçons. Le prêtre se retourne pour une homélie rendant hommage au défunt, qu’il conclut d’un obscur “Notre pays nous fait mal, quand sera-t-il guéri?”, avant d’accompagner le cercueil vers la sortie de l’église au rythme du Chant des Africains, rengaine coloniale devenue hymne de l’OAS, et désormais chant de ralliement des “nationaux” avides de frissons.

Society #140

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