
“Dans mon enfance, les aires d’autoroute étaient de vrais havres de paix après des heures passées à s’engueuler sur la banquette arrière avec mes frères, et ça s’est développé maintenant que je suis musicienne et que je fais des tournées. C’est hors du temps et hors de tous les cadres que tu peux avoir. La nuit, c’est un peu comme le rêve où tu es enfermé(e) dans un magasin et tu peux manger tout ce que tu veux. Je n’ai pas le permis -j’essaye depuis 2013, j’ai vaillamment fait 67 heures de conduite, et puis mon école vient de fermer–, donc je suis la passagère qui sait à quel niveau se trouve le Burger King, qui peut dire ‘On arrive bientôt à l’aire de La Ferté-Bernard, on peut s’arrêter’. La Ferté, c’est la best des best. Pour son nom -je me suis déjà embrouillée avec des gens qui disaient ‘La Fierté-Bernard’-, mais aussi parce qu’ils l’upgradent souvent, ils ajoutent des restaurants. Elle est gigantesque, elle est super. Ce que je préfère par-dessus tout, c’est le rayon des petites plaquettes qui se déplient en trois parties, sur les chakras, l’astrologie ou les plantes. Je suis aussi une grande fan des sandwichs triangles. Parfois, il m’arrive de descendre au Carrefour en bas de chez moi et de faire genre je suis pressée, je suis de passage, je dois vite acheter un sandwich, alors que je remonte le manger chez moi parce que ça me rappelle les trajets en voiture. Je prends le ‘chèvre-tomates marinées’ un peu acide, qui a en fait le goût de tous les sandwichs triangles: mayonnaise et carton.”