
Depuis que Robert F. Kennedy Jr., futur ministre de la Santé américain, a déclaré ne plus consommer la moindre goutte de lait pasteurisé, la mode du lait cru fait rage outre-Atlantique. Autrefois boisson prisée par les hippies à tendance médecine chinoise ou des stars hollywoodiennes (Sylvester Stallone, Patrick Dempsey, Gwyneth Paltrow) prêtes à débourser dix dollars le litre dans les épiceries de luxe Erewhon, le raw milk coule désormais dans les veines de l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene ou de Nicole Shanahan, l’ancienne colistière de Robert Kennedy Jr. à la présidentielle. L’inépuisable créativité du merch’ MAGA a pris la vague pour fabriquer des t-shirts “Got Raw Milk? ” et des pailles siglées “Raw Unpasteurized Truth (‘Vérité crue non pasteurisée’, ndlr)”, et des vidéos TikTok prétendent désormais que la boisson lutterait contre l’asthme, boosterait le système immunitaire et même la testostérone, affirmations sans véritable fondement scientifique, il va sans dire. Le futur ministre de la Santé, quant à lui, a promis qu’il mettrait vite fin à la “suppression agressive” du lait cru par la Food and Drug Administration, en commençant par abroger l’interdiction de la vente inter-États. Ce qui ne va pas sans inquiétude: le lait non pasteurisé peut contenir des bactéries telles que la salmonelle, la listeria ou Escherichia coli, et un risque supplémentaire est apparu en mars dernier avec la détection de la grippe aviaire chez des vaches laitières américaines. Début décembre, les autorités californiennes ont même ordonné le retrait des briques de la société Raw Farm, plusieurs lots ayant été testés positifs au H5N1. Pas de quoi effrayer le podcasteur trumpiste au physique de catcheur Joe Rogan, qui a pris les Français, consommateurs de fromages au lait cru notoires, en exemple: “Ils semblent en putain de bonne santé et ils ne sont pas gros”, a-t-il déclaré. Une vérité crue, pour une fois.