Boycott

L’heure du boycott

Étiquette de vêtement indiquant "Made in USA" avec des instructions de lavage en français, précisant que le tissu est 100% coton et doit être lavé à l'eau froide sans agent de blanchiment.
Getty / David Engelhardt

Il y a les trucs faciles. La lessive? Remplacez Ariel par Ecover. Le carrelage? Laissez tomber Mr. Propre et optez pour Briochin. Le GPS? Désactivez Waze, téléchargez Mappy. Hélas, assez rapidement, ça se complique. “Bonjour à toutes et tous, côté nourriture pour animaux, ça donne quoi? Merci pour vos conseils”, demandait Mar Yse le 6 mars dernier sur “BOYCOTT USA: achetez français et européen!”, un groupe qui propose aux citoyens qui en ont “marre de financer les dérives impérialistes américaines” de “passe[r] à l’action”. Quinze mille membres en six jours de création, des listes et des listes de compagnies américaines à éviter, et aussi pas mal de questions existentielles, donc. Mais avant tout, de l’espoir. Car de même que les ventes de Tesla plongent aussi vite que les vilénies d’Elon Musk se multiplient, le mouvement de boycott des produits américains en Europe, bien qu’encore anecdotique, prendrait, semble-t-il, une certaine ampleur.
Une certitude: ce vent-là souffle du Nord. Dès le 3 février, après que J. D. Vance, alors en cours d’échauffement sur l’échelle des saloperies, a parlé du Danemark comme d’un “mauvais allié”, le groupe “Boykot varer fra USA” (“Boycotter les produits en provenance des USA”) voyait le jour, réunissant 34 000 membres en quelques heures (65 000 aujourd’hui). Un mouvement bientôt imité par la Suède, avant que la société civile norvégienne monte encore d’un cran dans la résistance. Dans un message publié le 1er mars, soit après la folle séquence de la visite de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, la compagnie pétrolière Haltbakk Bunkers indiquait en effet cesser “immédiatement” de ravitailler les bateaux de la marine américaine, avant d’enfoncer le clou quelques heures plus tard: “Pas un seul litre ne sera livré tant que Trump n’aura pas quitté le pouvoir.” Étrangement, l’administration américaine, pourtant pas avare de tweets et de déclarations, n’avait pas encore réagi officiellement le 6 mars sur ces campagnes de boycott. Peut-être parce que, gonflée de sa puissance, elle les sait condamnées d’avance à l’échec: la majeure partie de ces groupes se retrouvent pour le moment sur Facebook. Et comment leur jeter la pierre? Cet article lui-même a été écrit sur un Mac.

Society #251

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