
Depuis qu’elle a joué en live son morceau Pookie’s Requiem sur la plateforme From the Block, les réseaux sociaux ironisent sur les dents noircies affichées par la rappeuse américano-vietnamienne Sailorr. Maladie? Énième tendance emo? Erreur: il s’agissait d’un clin d’œil à une pratique vieille de plusieurs centaines d’années au Japon (l’ohaguro, “dents noires” en français) et au Vietnam (le nhuộm răng đen). Des estampes de l’époque d’Edo au film d’animation Le Conte de la princesse Kaguya du Studio Ghibli, une quantité d’œuvres picturales japonaises ont déjà illustré cette tradition, comble de la féminité pour l’aristocratie nippone. En se peignant les dents avec une solution appelée kanemizu, un mélange de limaille de fer, de vinaigre et de thé, les femmes exhibaient ainsi depuis le XIesiècle leur appartenance à une classe sociale aisée, tout en y voyant un moyen efficace de protéger leurs dents du vieillissement et des caries. Ceci jusqu’à la fin du XIXe siècle, lorsque cette habitude ancestrale a fini par laisser place aux standards de beauté occidentaux.