Témoignages

Confessions d’un chef de gang

Évasions spectaculaires, prises d'otages dans les prisons, fusillades en pleine rue, intervention d'hommes masqués à la télévision: s'il est un état qui a paru déstabilisé par les gangs ces derniers mois, c'est l'Équateur. À la veille des élections présidentielles, Society a rencontré El Chikano, un chef local, qui raconte comment lui et son pays en sont arrivés là.
  • Par Margot Davier, à Duran (Équateur)
  • 13 min.
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Un tatouage représentant un ange avec des ailes tenant une arme, au-dessus de trois masques de théâtre avec des expressions différentes.
Getty / John Moore

Accoudé à la rambarde les yeux songeurs, fixant l’horizon, où se fondent les flots du fleuve Guayas et l’azur vif du ciel, un homme gracile tourne le dos à la Torre Morisca, l’un des symboles du malecón de Guayaquil, le centre économique de l’Équateur. De rares passants arpentent le bitume brûlant sans lui prêter la moindre attention. Il est semblable à n’importe quel autre, bermuda en jean, t-shirt rose, baskets légères et banane en cuir. Il a des traits doux, une fine moustache et il n’est pas d’ici ; il est venu du sud de la ville en transport public, un trajet qui lui a pris une demi-heure. De temps à autre, il jette des coups d’œil par-dessus son épaule. C’est par précaution: El Chikano, comme l’appellent ses amis en raison de son allure mexicaine, est un membre haut placé des Latin Kings – “première couronne suprême”, même-, le gang latino né dans les années 1950 à Chicago puis New York, importé dans les années 1990 en Équateur. Et il est en guerre.

Society #248

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