Story

Le Big Deal

Mais à quoi joue Donald Trump? Bluff ou folie? Bêtise ou stratégie? Incendiaire ou pyromane? Alors que le monde s'interroge, toutes les réponses se trouvaient dans son premier livre, The Art of the Deal, publié en 1987.
  • Par Grégoire Belhoste et Victor Jezequel
  • 14 min.
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La couverture du livre "Trump: The Art of the Deal" montre un homme en costume assis, avec en arrière-plan un bâtiment. Le titre est en grandes lettres dorées sur fond noir, et il est coécrit par Donald J. Trump et Tony Schwartz. Une citation du New York Times est également présente.

“La clé pour comprendre ma façon de fonctionner est la fanfaronnade. Je joue avec les fantasmes des gens. […] Un peu d’hyperbole ne fait jamais de mal.” La formule, signée Donald Trump, pourrait sonner comme celle d’un président tombant enfin le masque après les premières semaines d’un deuxième mandat rocambolesque. Mais non: elle date d’il y a près de 40 ans et a été publiée dans le premier livre de celui qui n’était alors qu’un simple promoteur immobilier à succès, The Art of the Deal. Une couverture flashy noir et doré, sur laquelle apparaît déjà Trump tel qu’on le connaît aujourd’hui -cravate rouge, petit sourire narquois, mèche blonde sur le côté–, et 256 pages de récit à mi-chemin entre l’autobiographie et le guide pratique, dans lesquelles le futur président détaille, donc, son amour pour la négociation. “Je ne le fais pas pour l’argent, entame-t-il. J’en ai suffisamment, plus que je n’en aurai jamais besoin. Je le fais pour le faire. C’est pour moi une forme d’art. D’autres peignent de magnifiques toiles ou écrivent de merveilleux poèmes. Moi, j’aime faire de bons deals, de préférence des gros deals. C’est comme ça que je prends mon pied.”

Immense succès commercial, vendu à plus de trois millions d’exemplaires, The Art of the Deal a largement contribué à façonner la légende de Donald Trump, bien avant la télé-réalité The Apprentice. Ce n’est pas pour rien que lorsque Trump annonce sa candidature à la présidentielle, en juin 2015, au pied de l’escalator doré de la Trump Tower à New York, il le fait en invoquant l’ouvrage: “Nous avons besoin d’un leader qui a écrit The Art of the Deal !” Soit, selon lui: d’un businessman, de quelqu’un qui ne se laisse jamais faire, qui négocie et obtient toujours le meilleur pour lui comme pour son pays, en usant de la seule méthode qu’il connaisse, à savoir le rapport de force. C’est peu dire qu’il a fait la démonstration de cette vision du monde ces derniers temps. Après le coup d’éclat au sujet de l’achat du Groenland, son secrétaire d’État, Marco Rubio, expliquait d’ailleurs qu’il ne s’agissait “pas d’une blague” : le président est “un homme d’affaires impliqué dans la politique, et non un politicien impliqué dans la politique. Donc il aborde ces questions d’un point de vue transactionnel commercial”. “Donald Trump dit clairement que la transaction est tout ce qui compte. Il ne fait pas semblant d’accorder de l’importance aux valeurs ou aux alliances”, confirme le rédacteur en chef du magazine Foreign Policy, Ravi Agrawal, qui considère que pour Trump, les relations internationales sont “un jeu à somme nulle”, tout n’est que deal et chaque deal a son gagnant et son perdant. L’occasion de replonger dans son livre emblématique, dont l’histoire révèle plus qu’aucune autre ce qu’il se passe dans le cerveau malade de l’homme le plus puissant du monde. En cinq chapitres.

Trump le brutaliste

Society #251

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