
S’il y a bien un truc qui fait rire Mark Haskell Smith, ce sont les écrivains, ou les gens en général, qui prétendent lire du Tolstoï à la plage. Lui assume d’écrire des livres “divertissants”, qui font d’excellents compagnons de vacances, et où l’on croise du reste souvent des Américains en voyage, en Thaïlande ou dans les Caraïbes, avec leur mode de vie et leur “naïveté” sous le bras. Sans surprise, il y a un prix à payer: là où Los Angeles Times l’a décrit comme “le rejeton à peine plus équilibré de Hunter S. Thompson et James Ellroy”, The New York Times, lui, n’a jamais publié la moindre ligne sur son œuvre. Ce qui ne l’étonne pas. “The New York Times ne couvre pas mes livres parce qu’ils pensent qu’ils sont au-dessus de ça, que tout doit être sérieux. Pour eux, tout doit ressembler à des devoirs. T’as fait tes devoirs? Ouais, j’ai lu le dernier pavé d’Abraham Verghese.” Attablé dans un chic restaurant philippin de Chinatown, à Los Angeles, le fringant sexagénaire reprend une gorgée de vin nature et enfonce le clou: “Ce n’est pas comme ça que la littérature intéresse les gens.”