Prise de tête

À très, très, très, très, très long terme

Existe-t-il une logique intellectuelle qui guiderait les actions erratiques du nouveau gouvernement américain et de son conseiller spécial Elon Musk? Peut-être bien, oui. Cette pensée s'appelle “le long-termisme”. C'est l'idée selon laquelle “influencer positivement l'avenir à long terme est une priorité morale majeure de notre époque”. Mais comment définir ce qui est “positif”? Comment déterminer quelles sont les conséquences négatives qui en “valent la peine”? Et comment s'en octroyer le droit?
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Angela Weiss / AFP - NASA Ames Research Center
  • Par Thomas Andrei
  • 14 min.
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C’était le 20 janvier dernier, à la Capital One Arena, une salle omnisports au cœur de Washington, à la fête d’inauguration du président Trump. Acclamé par la foule, Elon Musk lançait un hurlement guttural avant de prononcer quelques mots: “Ceci n’est pas une victoire ordinaire. C’est un carrefour sur la route de la civilisation humaine […] Certaines élections sont importantes, d’autres non. Mais celle-ci, celle-ci…” Les yeux du milliardaire semblèrent plonger au fond d’un univers de possibilités, puis un ricanement s’empara de lui. “Celle-ci est vraiment importante. Et je voulais juste vous remercier de l’avoir rendue possible.” C’est à ce moment-là que l’homme le plus riche du monde toucha sa poitrine de sa main droite avant de lever son bras comme on le faisait quotidiennement dans l’Allemagne des années 1930. Partout, ce geste aura eu pour effet de choquer, attirer l’attention, distraire. Et de faire passer à la trappe le reste du discours: “C’est grâce à vous que le futur de la civilisation est assuré!”

Society #254

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