
La scène pourrait sortir tout droit d’un film hollywoodien. Sur une chaîne câblée, un présentateur annonce en grande pompe une interview qui va dévoiler “ce qui pourrait être le plus grand secret de l’histoire de l’humanité”. Face à lui, un homme, cheveux coupés ras, regard assuré, ton précis et concis, répond par des phrases brèves et des formules chocs. Il a des choses à révéler. Entre autres: le gouvernement américain cacherait l’existence d’un programme “de récupération de véhicules techniques d’origine non humaine”. Soit des vaisseaux spatiaux extraterrestres qui auraient “atterri sur Terre” ou se seraient “crashés”. “Vous dites que nous ne sommes pas seuls?” relance le journaliste. “Nous ne sommes pas seuls”, confirme l’homme.
Cette séquence n’a rien d’une fiction. L’émission a été diffusée il y a à peine plus d’un mois, le 12 juin dernier, sur la chaîne de télévision américaine NewsNation. Et celui qui se présente comme un lanceur d’alerte n’est pas un ufologue fantasque. David Grusch, 36 ans, est un ancien militaire et agent du renseignement, muni d’un sacré CV: quatorze ans dans l’US Air Force ; un passé de vétéran décoré pour ses services en Afghanistan ; ex-employé de deux agences du renseignement américain, et plus particulièrement, entre 2020 et 2022, de l’UAP Task Force, une unité opérationnelle de l’armée américaine qui étudie “les phénomènes aérospatiaux non identifiés” (“UAP” en anglais ou “PAN” en français, le nouveau sigle officiel pour désigner les ovnis, terme désormais jugé trop connoté car charriant avec lui l’imaginaire des soucoupes volantes). Grusch était donc a priori plutôt bien placé pour obtenir de l’intérieur les informations qu’il avance. Se décrivant comme un patriote issu d’une famille de cols bleus de Pittsburgh, il dit avoir toujours admiré l’uniforme. Jusqu’à le porter, gravir les échelons, et enfin accéder à des secrets si énormes qu’il ne pouvait plus les garder pour lui, selon ses dires: “Il y a une campagne de désinformation visant la population américaine qui n’est pas éthique ni morale, et c’est effrayant.” Avant de démissionner et de prendre la parole publiquement, le vétéran a transmis ces informations à sa hiérarchie et dit avoir reçu des “menaces de représailles”. D’où sa décision de parler face caméra à une heure de grande écoute.