
Ce sont le décor et le bruit des procès qui changent leur époque. Le lundi 2 septembre dernier, au tribunal d’Avignon, la cour criminelle départementale du Vaucluse inaugurait une nouvelle salle, construite pour l’occasion. Les journalistes piétinaient sur le trottoir, la circulation était bloquée par les militantes d’Osez le féminisme!, qui scandaient des slogans sur le parking. Le procès qui s’ouvrait ce matin-là pour quatre mois n’était pas celui d’un groupe terroriste ou d’une célébrité mais celui de 51 inconnus, tous accusés d’avoir violé la même femme. Gisèle Pelicot, 70 ans, a été mariée plus de 40 ans à Dominique Pelicot, 71 ans. Originaires de la région parisienne, ils avaient décidé de prendre leur retraite au soleil et avaient déménagé en 2013 à Mazan, une petite ville de 6 000 habitants dans le Sud-Est. En novembre 2020, Dominique a été arrêté pour avoir filmé sous la jupe de plusieurs femmes dans un supermarché de Carpentras. Les policiers ont saisi son ordinateur et découvert plus de 20 000 photos et vidéos de sa femme, inconsciente, violée par des inconnus. Le retraité passera aux aveux et dévoilera son mode opératoire: depuis près de dix ans, il droguait Gisèle à son insu en glissant du Temesta, un puissant tranquillisant, dans ses repas ou son thé, puis invitait des hommes rencontrés sur des forums spécialisés à venir chez eux pour abuser d’elle alors qu’elle était inconsciente. Lui filmait.