
C’est inscrit dans les gènes de Pierre Souvet, comme le fait de courser les chevreuils est gravé dans ceux des beagles: il ne peut pas s’empêcher de regarder les étiquettes de tout ce qu’il touche. Il le fait sans même s’en rendre compte, ne maîtrisant ni sa main qui se saisit du produit ni ses yeux bleus qui déshabillent la liste des composants. Prenez ce gobelet en carton, par exemple. Posé par commodité à côté d’une machine à café de l’école des Mines de Paris, pépinière de l’élite des ingénieurs de demain, le voilà soumis à l’intransigeant radar Souvet. “Ah ça, c’est issu de forêts durables, dit le cardiologue à la retraite en pointant le sigle “PEFC”. Rien en ce qui concerne la composition. Si c’est du polyéthylène, c’est le moins mauvais. Mais ce n’est pas marqué.” Souvet époussette son costume bleu sombre, déguisement qui ne lui ressemble pas mais qu’il sort, à regret, quand sa fonction l’y oblige. Ce jour-là, il donne une conférence pour les étudiants en dernière année des Mines -la troisième- sur un thème qu’il connaît comme sa poche: “Santé environnementale: quels défis?”