
Bernard et Nicole Bourgeois ont longtemps été les seuls habitants d’Orcemont à laisser leur portail ouvert. Une hérésie dans ce village du sud des Yvelines où le mot “cambriolage” fait frémir les 1 008 habitants. “On a été cambriolés nous aussi, en plein jour, mais Bernard garait toujours son camion dans le jardin. Il faisait sans cesse des allées et venues, c’était plus simple de laisser le portail toujours ouvert”, justifie Nicole, pragmatique, en invoquant l’activisme de son mari entrepreneur dans le bâtiment. Désormais, cette époque est révolue. Les Bourgeois sont rentrés dans le rang. Ils vivent comme tout le monde à Orcemont, retranchés derrière leur portail à double battant. Pour en arriver là, il a fallu que la mort s’invite dans leur jardin. Le décès s’est produit “il y a sept ou huit ans, je ne sais plus”, tente d’évaluer Bernard. C’était un jour d’été, en fin de matinée, il faisait chaud. Comme d’habitude, le portail était grand ouvert. Nicole revenait des courses. Elle s’est avancée vers le pavillon, a longé la piscine et a aperçu une tache sombre danser dans l’eau bleutée. “Est-ce qu’il flottait? Est-ce qu’il avait coulé au fond? Je ne m’en souviens plus, mais j’ai immédiatement vu que c’était un kangourou”, assure-t-elle. En fait, non: l’animal appartient à l’espèce des wallabies de Bennett, plus petits et plus sombres que leurs cousins les kangourous. Presque une spécialité locale.