Game Over

Pendant 22 ans, le site Gamekult a été un phare d'indépendance au sein de l'univers de la presse spécialisée dans le jeu vidéo, gangrénée par la publicité, le brand content et la pression des éditeurs. Une grande aventure collective, qui s'est brutalement arrêtée en novembre dernier, après le rachat du site par Reworld, un groupe à la réputation de “fossoyeur des médias”. Et la démission, dans la foulée, de toute la rédaction.

Par Adrien Candau et Marc Hervez
Le 22 décembre 2022
14 min.
Enquête

Une grande main violette semble sur le point de saisir trois personnes travaillant autour d'un bureau avec des ordinateurs. Le mot "gamekult" est visible sur le bureau. — Illustrations : Benjamin Tejero pour Society

Ce jeudi 8 décembre, c’est jour de réjouissances à Reworld Media. Élu “meilleur stratège de l’année” par le salon La Presse au futur, le groupe partage sa joie sur Twitter avec une photo de son PDG, Pascal Chevalier, tout sourire, trophée en main. Et cette légende: “Un grand merci à ceux qui font de Reworld Media une aventure si unique et si spéciale!” Un coup de souris plus bas, GSeb, un twittos, rétorque: “Allez vous faire foutre.” Il complète sa saillie d’un lien vers un article de Libération. Son titre? “Gamekult tombe, et avec lui, les derniers lambeaux de la presse jeu vidéo.” L’histoire remonte au début de l’été 2022. Le 27 juin, TF1 organise sa fête estivale.