
Ce jeudi 10 avril à Washington, la nuit est fraîche, mais il fait chaud entre les murs du Butterworth’s. Le bar, à deux pas du Capitole, est devenu le QG des supporters de Donald Trump, alors de nouveau président depuis trois mois. Ce soir-là, c’est le magazine en ligne The Conservateur, une sorte de Vogue à la sauce réac mélangeant sujets mode, lifestyle et politique, fondé par quatre jeunes femmes, qui y fait la fête. Deux cents places à 75 dollars ont été vendues en un clin d’œil. Les jeunes invités, à la chevelure parfaite et aux dents blanches, en robe ou veste-cravate, sirotent des cocktails nommés God & Country ou J’adore les cow-boys, au milieu de ballons patriotiques et de casquettes “Make America Hot Again ”. Ici, on célèbre la victoire de Donald Trump tout en parlant d’un thème cher aux fondatrices de The Conservateur: la beauté, qui “est désormais un truc de droite”, affirme l’une d’elles, Jayme Franklin, 27 ans, longs cheveux bruns et maquillage impeccable. “La gauche a essayé de prendre des choses objectivement moches et de les rendre désirables. Mais nous venons y mettre fin. La beauté traditionnelle, celle d’il y a une décennie, celle des top models, voilà ce que les gens veulent voir à nouveau.” Sur le coup de 21h, la rédactrice en chef, Caroline Downey, 27 ans également, blonde en robe rose et hauts talons, grimpe sur une table. Elle remercie tout le monde d’être venu et fait l’éloge de son site. “Ce que nous faisons au Conservateur, c’est mettre en avant un mode de vie objectivement beau, une vision du monde objectivement supérieure, et nous donnons aux femmes la culture qu’elles méritent.” Avant de redescendre de son perchoir, elle lève son verre et lance au public: “Le zeitgeist, désormais, c’est nous!” Ovation de la foule.