Enquête

Amour, gloire & tradition

Elles sont jeunes, belles et ambitieuses. Derrière des comptes Instagram et à la tête de magazines féminins, réunissant ainsi plusieurs centaines de milliers d'abonnés aux États-Unis, elles prônent le retour à un monde où les femmes se mettent en quatre pour plaire aux hommes, la fin du féminisme, mais aussi la chasse aux immigrés et aux personnes trans. Plongée dans l'univers terrifiant des nouvelles influenceuses trumpistes.
  • Par Hélène Coutard, à New York et Washington DC - Photos: Mark Peterson (Redux/Rea)
  • 17 min.
  • Enquête
Illustration pour Amour, gloire & tradition
Photos: Mark Peterson (Redux/Rea)

Ce jeudi 10 avril à Washington, la nuit est fraîche, mais il fait chaud entre les murs du Butterworth’s. Le bar, à deux pas du Capitole, est devenu le QG des supporters de Donald Trump, alors de nouveau président depuis trois mois. Ce soir-là, c’est le magazine en ligne The Conservateur, une sorte de Vogue à la sauce réac mélangeant sujets mode, lifestyle et politique, fondé par quatre jeunes femmes, qui y fait la fête. Deux cents places à 75 dollars ont été vendues en un clin d’œil. Les jeunes invités, à la chevelure parfaite et aux dents blanches, en robe ou veste-cravate, sirotent des cocktails nommés God & Country ou J’adore les cow-boys, au milieu de ballons patriotiques et de casquettes “Make America Hot Again ”. Ici, on célèbre la victoire de Donald Trump tout en parlant d’un thème cher aux fondatrices de The Conservateur: la beauté, qui “est désormais un truc de droite”, affirme l’une d’elles, Jayme Franklin, 27 ans, longs cheveux bruns et maquillage impeccable. “La gauche a essayé de prendre des choses objectivement moches et de les rendre désirables. Mais nous venons y mettre fin. La beauté traditionnelle, celle d’il y a une décennie, celle des top models, voilà ce que les gens veulent voir à nouveau.” Sur le coup de 21h, la rédactrice en chef, Caroline Downey, 27 ans également, blonde en robe rose et hauts talons, grimpe sur une table. Elle remercie tout le monde d’être venu et fait l’éloge de son site. “Ce que nous faisons au Conservateur, c’est mettre en avant un mode de vie objectivement beau, une vision du monde objectivement supérieure, et nous donnons aux femmes la culture qu’elles méritent.” Avant de redescendre de son perchoir, elle lève son verre et lance au public: “Le zeitgeist, désormais, c’est nous!” Ovation de la foule.

Society #260

Un homme mange à l'extérieur, assis à une table, portant un t-shirt bleu et utilisant une cuillère.
Photos : Aliocha Boi pour Society

“Je ne devrais pas le dire, mais j'en ai un peu marre de bouffer”

Va-t-on continuer encore longtemps à mettre du zaatar partout? Qu’est ce qui va remplacer la mode du bánh mì? Top Chef rend-il ses lauréats fous? Les grands chefs sont-ils aussi méchants qu’on le croit? À toutes ces questions, François-Régis Gaudry, l’homme qui incarne le mieux la folie fooding qui déferle sur la France depuis quinze ans, a des réponses.

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