
À Lagos, le 1er novembre dernier, Muhammad Tukur a cru sa dernière heure arrivée. “J’ai littéralement vu ma vie défiler. […] Je ne serais pas en vie pour tweeter cela, si cet immeuble avait été plus proche de notre fenêtre. Notre bureau a vibré pendant que l’immeuble s’effondrait”, réagissait ce jeune Nigérian sur le réseau social à l’oiseau bleu, en parlant de l’édifice voisin du sien, qui s’est écroulé sans prévenir. Plus bas, dans l’air poussiéreux à même les gravats, Fawas Sanni, 21 ans, attendait des nouvelles de sa grande sœur, Zainab. “Je suis le dernier à lui avoir parlé avant qu’elle aille au travail”, confiait-il à l’AFP. Deux jours plus tard, le corps de Zainab Sanni était retrouvé sans vie sous les décombres de l’immeuble de 21 étages qui était en cours de construction. En tout, 46 personnes ont péri dans cette catastrophe. Quinze ont été sorties des décombres en vie. Une tragédie qui, hélas, est loin d’être un cas isolé. Car si la terre ne tremble pas au Nigeria, les bâtiments s’y effondrent comme si c’était le cas. Entre 2011 et 2019, le phénomène a touché plus de 84 immeubles. À Lagos, la ville la plus peuplée du pays, le chiffre est de 152 édifices écroulés depuis 2005. Il aura probablement grimpé depuis l’écriture de ces lignes. Rien qu’en mai, trois bâtiments s’y sont effondrés, faisant quatorze morts.