
Si elle est installée dans le cœur de la ville, cette maisonnette-là a tous les airs des pavillons où le temps semble un jour s’être figé par ennui. Dans l’air flotte une odeur de bois d’automne qu’il faudrait jeter dans le feu de la cheminée ; les gros fauteuils sculptés craquent avec fracas lorsqu’on s’y assoit. Contre un mur, un petit autel composé de quelques bougies et d’icônes au visage craquelé. Et puis il y a ces livres poussiéreux, des feuilles cornées et des enveloppes froissées, dont celle frappée du sceau des “Œuvres missionnaires pontificales”, ou encore d’épaisses bobines de fil à coudre. À Orléans, non loin des bords de Loire, madame Bernadette Petit vit tranquillement au milieu des choses de sa vie. Et malgré le bazar certain, cette amusante grand-mère qui porte les lunettes au bout du bout de son nez se présente comme “une très bonne classeuse d’archives”. La preuve, il lui faut à peine un instant pour dénicher cette fameuse lettre. Une lettre précieuse, à voir la délicatesse avec laquelle elle la manipule. C’est une feuille d’écolier.