
Cela commence par un simple accident. Le 26 juillet 2011, Thianibié Hie, 20 ans, fait la fête avec deux amis place de la Bourse, à Bordeaux. C’est l’été, les jeunes se réunissent sur les quais, rénovés dans les années 2000 pour qu’enfin les Bordelais les fréquentent. Le projet est une réussite: depuis l’inauguration du “miroir d’eau”, fierté de la mairie, en 2006, les quais sont devenus plus qu’un quartier réaménagé, un symbole du grand réveil de la ville bourgeoise du Sud-Ouest. Ils sont aujourd’hui une attraction touristique, un lieu de vie et de fête. Il fait 20 degrés ce début de soirée, alors c’est près de la place, dans les grandes étendues d’herbe aménagées près de l’eau, que Thianibié Hie rejoint ses copains. Ils boivent pendant que la nuit tombe, si bien que le jeune homme décide d’aller uriner dans la Garonne. Elle est juste là, à deux pas. Il enjambe la barrière, ses copains se marrent. Il glisse. Son ombre disparaît dans les remous du fleuve. Son corps sera repêché quatre jours plus tard. Un accident bête. Mais que déclenche-t-il? Que réveille-t-il? Treize ans plus tard, ils sont désormais onze. Onze jeunes hommes à avoir été avalés par le fleuve, puis recrachés plus loin sur les rives. Surtout, depuis Thianibié, plus personne ne les a vus tomber. Valentin, Maxime, Guillaume, Vincent, Julien et les autres ont disparu sans explication ni témoin. Peut-on encore parler d’accident?