
“C’était le pire jour possible pour Henryk Siwiak.” L’air grave et désolé, Tom Joyce s’enfonce dans son grand fauteuil en cuir. Il déroule les souvenirs de cette journée où tout lui a échappé, du matin jusqu’au soir. Cette journée-là, il l’avait pourtant démarrée comme toutes les autres, en déverrouillant son casier et en enfilant son uniforme de lieutenant du 79e département de la police de New York. “On avait commencé à travailler à 5h30 et on s’était accordé une pause pour prendre un petit déjeuner vers 8h”, se remémore-t-il. Au même moment, le premier avion d’American Airlines percute le versant nord de la première tour du World Trade Center.
Tom Joyce et son équipe assistent à la scène les yeux rivés sur le poste de télévision. “On est montés sur le toit du building où l’on se trouvait et on a vu le bâtiment en feu au loin, à l’horizon.” L’équipe accourt alors vers le sud pour aider les gens à fuir Manhattan via le pont de Brooklyn. Et puis la deuxième tour est percutée. Joyce voit des personnes “recouvertes de poussière de la tête aux pieds” affluer vers lui.
De retour au commissariat en fin de matinée, il passe le reste de la journée à gérer la situation tant bien que mal. “Tout le monde était dispatché: j’avais mes agents dans les rues à proximité des tours jumelles, d’autres au trafic et des renforts dans les hôpitaux.” Enfin, sur le coup de 23h30, alors qu’il s’apprête à quitter son bureau, le téléphone de son service sonne. Joyce décroche. “Et là, on m’annonce que quelqu’un a été retrouvé mort dans le quartier.”