
Cela se produit régulièrement, lors de réunions ou séminaires, de Pékin à Boston. D’une seconde à l’autre, sans signe annonciateur, George Church, l’un des plus célèbres biologistes américains, s’assoupit. En cause: une légère narcolepsie qui pourrait bien, en vérité, être son plus grand atout. Le scientifique de 67 ans, désigné comme l’une des 100 personnalités les plus influentes de l’année 2017 par le magazine Time, a en effet avoué que beaucoup de ses projets visionnaires lui étaient venus alors qu’il rêvait éveillé. C’est sans nul doute le cas pour le dernier en date: ressusciter d’ici 2027, en Sibérie, une espèce disparue il y a 4 000 ans, le mammouth laineux. En septembre dernier, le songe est en tout cas devenu presque réalité, puisque a été lancé officiellement le projet Colossal, soutenu par une entreprise de biosciences américaine du même nom cofondée pour l’occasion par George Church et l’homme d’affaires Ben Lamm. De quoi déclencher des dizaines de questions en rafales: Pourquoi vouloir ramener à la vie cet animal préhistorique? Par quelles techniques fait-on revivre une espèce? Quel serait le coût de sa survie? Existe-t-il des risques à la faire revenir? Et qu’en est-il de l’aspect éthique? Autant d’interrogations qui ne font pas vaciller George Church: “Le projet Colossal semble tout aussi sérieux et faisable que notre projet précédent de concevoir des porcs pour des greffes d’organes et qui est maintenant en essais précliniques.”