
Il n’existe que deux moyens pour admirer le Cul-du-Cerf, un ravin vertigineux de 65 mètres de profondeur en plein cœur de la commune d’Orquevaux, en Haute-Marne: soit en le dominant par en haut via la départementale en direction de Leurville, le village voisin, soit par en bas, via un sentier qui mène au fond du gouffre. Ou plutôt, au “trou du cul du cerf”, pouffe Tiffany Cherrier, éleveuse canine dont la maison se trouve à l’entrée du second accès. Pour emprunter ce dernier, il faut abandonner son véhicule sur un parking à la lisière de la forêt, devant la lourde barrière en bois qui bloque le chemin. La suite se fait à pied. Quand, un samedi de juin caniculaire, la trentenaire a appris par l’agriculteur qui lui fauche son terrain qu’une voiture, les cinq portes grandes ouvertes, avait été aperçue au-delà de la barrière, elle a laissé libre cours à son imagination. “Une voiture en plein milieu de la forêt, on a d’abord cru que c’était un trafic de drogue”, dit-elle. Dans ce village d’une soixantaine d’habitants où les rumeurs se propagent comme une traînée de poudre, il faut peu de temps pour que l’affaire arrive aux oreilles de Didier Trommenschlager, l’adjoint du maire, reconnaissable à la chemise à carreaux qu’il ne quitte jamais. Il se rend sur les lieux. Et découvre à son tour la Peugeot 2008 blanche, les portières toujours ouvertes, mais le coffre cette fois refermé. Suspicieux, il tire la sonnette d’alarme à la gendarmerie. Au même moment, le 17 juin dernier, une enquête pour la disparition inquiétante de Paul et Gerda Klapper, un couple de Néerlandais de respectivement 83 et 80 ans, est justement ouverte par le parquet de Chaumont, la préfecture du département, à la suite d’une alerte de l’ambassade des Pays-Bas à Paris.