
Stéphanie Gachelin se rappelle parfaitement l’heure: 7h30. Le jour: le 22 avril. Le cri de sa fille de 10 ans depuis le paddock, aussi. Et l’image de la pouliche étalée sur un drap de sang, morte. Stéphanie remonte alors son regard du sabot jusqu’au museau. Elle voit d’abord l’entaille profonde à la cuisse, qui semble avoir été faite au couteau, puis la longue plaie qui s’étend le long de la gorge. Enfin, elle se rend compte que l’oreille droite de son pur-sang anglais a été sectionnée d’un trait droit, comme s’il avait été tracé à la règle. Stéphanie, qui est éleveuse de chevaux, se le dit tout de suite: “Une bête ne pourrait pas faire cela.” Quatre mois plus tard, après avoir tenté de rassurer sa fille, qui a passé des nuits à avoir peur “qu’on vienne [les] égorger à [leur] tour”, elle répète les mêmes mots: “Une bête ne pourrait pas faire cela. ” “Mais si ce n’est pas une bête, alors qui? interroge-t-elle. Un homme? Mais un homme non plus ne pourrait pas faire cela. Si?”