
Ce n’était qu’une petite touffe de poils drus, large d’approximativement cinq centimètres, un look en vogue en Allemagne au tout début du XXe siècle, et qu’Adolf Hitler décida d’adopter dans les années 1920. C’est devenu un symbole, aussi marquant qu’un swastika: ajoutez aujourd’hui au feutre noir une moustache sur le portrait d’un(e) responsable politique, et tout le monde comprendra de quoi vous l’accusez. Depuis quelques mois, Donald Trump est la cible numéro un de ce genre de graffiti, de même qu’il est souvent accusé d’être “fasciste”. À juste titre? Sans surprise, il y a autant d’avis sur la question que de spécialistes. Avant d’y répondre, Roger Griffin, politologue, historien spécialiste du fascisme et professeur à l’université Oxford Brookes, en Angleterre, tient à faire preuve de rigueur: il avertit que le fascisme est pluriel, “d’Hitler à Mussolini en passant par les Oustachis ou la Garde de fer roumaine”, et qu’il n’existe “aucune définition objective du terme dans les sciences humaines”. L’universitaire dit appartenir néanmoins à un courant de pensée, dont voici les grands traits: “Le fascisme est une forme extrême de nationalisme, caractérisée par l’obsession de la notion de renaissance. Mussolini et Hitler ont tous deux accédé à leur poste via des processus démocratiques avant d’abolir la démocratie pour créer un ordre nouveau.” Ce qui, pour Griffin, disqualifie Trump, “un mégalomane émotionnellement instable qui croit en son propre mythe mais ne peut même pas commencer à penser à ce que créer un nouvel ordre voudrait dire”.