
Le premier appel au 112 est passé à 16h48, le 13 février dernier. Il est question d’une personne renversée devant une porte de garage d’un immeuble de La Vila Joiosa -“la ville joyeuse”–, une station balnéaire située à une dizaine de kilomètres au sud de Benidorm, dans la province d’Alicante, en Espagne. Sur place, la police découvre pourtant autre chose: le corps sans vie d’un homme, percé de six balles et sérieusement amoché par la voiture qui l’a percuté avant de prendre la fuite en direction du sud -elle sera retrouvée quelques heures plus tard, en feu, à El Campello, une commune voisine.
La victime est un Ukrainien de 33 ans, selon les documents trouvés dans son portefeuille. À première vue, rien de très surprenant pour les agents. Plus de 1 200 de ses compatriotes vivent ici, en plus de 800 Russes, pour une population totale de 36 093 habitants, selon le dernier recensement municipal. Repaire à oligarques depuis les années 1990, le coin a vu ses immeubles -construits à la va-vite pour accueillir le tourisme de masse pendant la saison estivale- se remplir de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre. “Ils viennent particulièrement d’Odessa et de Mykolaïv, indique Liya, une opposante russe installée à Alicante depuis six ans.