Enquête

Regarde les Russes tomber

Depuis le début de la guerre en Ukraine, plus d'une quarantaine d'opposants russes connus ou d'oligarques critiques du régime de Vladimir Poutine ont subitement trouvé la mort. Une épidémie de suicides suspects et de chutes du balcon qui fait peser une menace permanente sur tous les autres dissidents. Et qui pose la question: est-ce le signe d'un pouvoir en bout de course ou d'un régime plus puissant et vengeur que jamais?
  • Par Léo Ruiz et Guillaume Vénétiitay
  • 20 min.
  • Enquête
Illustration pour Regarde les Russes tomber
D'après SIPA / Kremlin Pool- AFP

Le premier appel au 112 est passé à 16h48, le 13 février dernier. Il est question d’une personne renversée devant une porte de garage d’un immeuble de La Vila Joiosa -“la ville joyeuse”–, une station balnéaire située à une dizaine de kilomètres au sud de Benidorm, dans la province d’Alicante, en Espagne. Sur place, la police découvre pourtant autre chose: le corps sans vie d’un homme, percé de six balles et sérieusement amoché par la voiture qui l’a percuté avant de prendre la fuite en direction du sud -elle sera retrouvée quelques heures plus tard, en feu, à El Campello, une commune voisine.

La victime est un Ukrainien de 33 ans, selon les documents trouvés dans son portefeuille. À première vue, rien de très surprenant pour les agents. Plus de 1 200 de ses compatriotes vivent ici, en plus de 800 Russes, pour une population totale de 36 093 habitants, selon le dernier recensement municipal. Repaire à oligarques depuis les années 1990, le coin a vu ses immeubles -construits à la va-vite pour accueillir le tourisme de masse pendant la saison estivale- se remplir de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre. “Ils viennent particulièrement d’Odessa et de Mykolaïv, indique Liya, une opposante russe installée à Alicante depuis six ans.

Society #226

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