
C’est une paisible maison nichée dans une allée cahoteuse. Il y a ce portail vert, qui mériterait un bon coup de peinture et dont la poignée est bouffée par les toiles d’araignée, une haie de thuyas à moitié taillée et un jardin aux herbes folles. Denée est une commune de 1 400 habitants classée “Petite cité de caractère” et située à une vingtaine de kilomètres au sud d’Angers. Sa proximité avec la préfecture du Maine-et-Loire et le charme de ses bords de Loire y ont fait implacablement grimper les prix de l’immobilier. Alors quand, à l’automne 2020, Philippe Chabert, un paysagiste qui s’est récemment séparé de la mère de sa fille, tombe sur l’annonce d’une “maison de charme en très bon état, deux chambres, jardin”, vendue seulement 98 900 euros, il saute sur cette occasion de placer son argent sans trop de risques. En plus, la maison est au numéro 13. Cinq ans plus tard, le même homme écrit sur son compte LinkedIn, où il se présente comme “journaliste et initiateur de l’Observatoire du notariat”, cette phrase terrifiante: “Ce mercredi 7 mai 2025, je me suis donné la mort après avoir commis un infanticide en la personne de ma fille, Emma.” Ces mots marquent le point quasi final de l’étrange destin de Philippe Chabert. Sur le site de l’“observatoire indépendant” que cet homme de 42 ans animait seul, tout est encore en ligne: le message publié sur LinkedIn et le lien vers son livre “post-mortem”, au titre évocateur –Les notaires m’ont tué. La justice leur a fourni les armes. Si sa tentative de suicide du 7 mai s’est soldée par un échec et trois jours et demi de coma, Philippe Chabert a finalement été retrouvé pendu, fin juin dernier, dans la cellule où il était incarcéré en vue de son procès pour le meurtre de sa fille de 13 ans, qu’il a asphyxiée à l’aide d’un oreiller.