
Vous l’avez lu dans moult publications: l’existence d’un lien entre la pratique d’activités extrascolaires et la réussite académique ne fait guère de doute. L’enjeu est donc de taille quand commence, dès les premiers jours du mois de juin, le parcours du combattant des inscriptions pour la rentrée suivante, en particulier dans les métropoles, où la demande peut souvent dépasser l’offre. Avec, en arrière-plan du processus, la crainte suivante: mon enfant va-t-il rater sa vie si je loupe ses inscriptions aux activités extrascolaires? La première fois, Alice, graphiste dans l’édition et mère de deux enfants, s’est retrouvée complètement larguée: “Je ne savais pas à quel point c’était une compétition. Tu imagines les inscrire à des activités musicales, des trucs très demandés, et le 10 juin, tu réalises que c’est déjà trop tard. J’ai tout loupé évidemment, on a mis le grand au judo, il ne restait que ça.” Les années suivantes, elle a adapté sa stratégie, sans plus de réussite: “Je suis allée sur place, le premier jour, pour inscrire mon fils au tennis. Il y avait une queue folle, il faisait 30°C, je cherchais de l’ombre. Tout est parti en quinze minutes. J’ai tenté un second centre, la queue était la même, j’ai pris ce qu’il restait. Cette fois, c’était arts plastiques et escrime.” Hélas, ce qu’il reste n’est pas forcément ce qui convient. “J’ai compris plus tard pourquoi il y avait de la place en arts plastiques: l’animatrice était horrible, souvent absente et remplacée par des étudiants qui disaient aux enfants de choisir une photo sur leur téléphone et de la recopier.” Pour d’autres activités, l’inscription se fait en ligne, mais la problématique reste la même. Émilie, parent d’élève, détaille sa stratégie: “Je me mets des alertes pour être sûre de ne pas rater l’heure, et ensuite je fais refresh sur le site jusqu’à ce que ce soit ouvert. C’est comme essayer d’acheter des places de concert.” Alice, elle, prépare désormais son dossier à l’avance: “Je veille à ce que ma préinscription au centre d’animation soit prête, ce qui implique de recalculer le quotient familial et donc, d’abord, de retrouver mes identifiants CAF.” Sans garantie de réussite, le processus peut crisper. Ainsi, Paul, animateur et père de deux enfants, a-t-il dû intervenir pour calmer un autre père de famille qui envisageait de se battre avec un vigile lui ayant fermé la porte au nez après trois heures de queue pour des inscriptions à la natation. L’histoire ne dit pas si celui-ci s’est rabattu sur l’activité yoga.