Adèle Exarchopoulos

“Si je suis tout ce que les gens disent, je me fais limer les dents”

Adèle Exarchopoulos arrive avec sa gouaille parisienne. Elle prévient: à 17h, elle doit emmener son fils de 8 ans au basket. “Il s'appelle Isma. Ismaël quand je suis énervée. Stéréotypé mais réel, j'avoue.” Il est midi, elle a prévu large. Elle hésite en regardant la carte: “Je vais prendre un truc pas très excitant: lentilles, pois chiches, épeautre… J'essaie de me conditionner aux légumes.”Puis: “Vous voulez partager un tarama?” Plus tard, elle avouera: “J'ai pris des légumes et j'ai fait que manger du pain, c'est n'imp'.” Voilà qui s'appelle se mettre à table.
  • Par Franck Annese et Victor Le Grand / Photos: Frankie & Nikki
  • 29 min.
  • Interview
Illustration pour “Si je suis tout ce que les gens disent, je me fais limer les dents”
Photos: Frankie & Nikki

Tu es à l’affiche de L’Accident de piano, de Quentin Dupieux. C’est ton troisième film avec lui, après Mandibules et Fumer fait tousser. Il paraît qu’au départ, il ne voulait pas de toi… 100% vrai. Dupieux, je pense que dans son imaginaire, il se disait: ‘Ouais, elle, aucun rapport, pas drôle.’ Il pensait que je n’allais pas connecter avec ses personnages. C’est quelqu’un qui est quand même anti-promo, il voyait sans doute en moi un ‘produit capitaliste’. Les gens ont beau dire ‘C’est une hype’, moi, je pense que Dupieux est vraiment un artiste et mon côté ‘campagnes de pub et films d’auteur’, il devait se dire que ça n’allait pas matcher. C’est Hugo (Sélignac, producteur de Quentin Dupieux, ndlr) qui lui a dit ‘Rencontre-la’. J’ai passé le casting de Mandibules, j’ai joué une scène devant lui et il m’a dit que j’étais prise. Après, quand t’es sur le tournage d’un Dupieux, tu ne réfléchis pas, tu te dis: ‘Soit c’est un coup d’éclat, soit c’est une fin de carrière. Mais en tout cas, on aura bien rigolé.’ Pour moi, Quentin, c’est comme une bonne blague sombre, mais faite au bon moment, au bon rythme. Tu ris sur le moment, et tu réfléchis quand t’es rentrée chez toi. Et il faut avoir un peu d’autodérision. Le mec est capable de t’arrêter au milieu d’une scène et de t’envoyer en pleine tête, devant tout le monde: ‘Non mais là, ça fait théâtre de boulevard.’ Il faut savoir rebondir, quoi.

Ç’aurait été génial qu’il te fasse passer un casting pour ce troisième film aussi! (Rires.) Bah j’y serais allée. Franchement, je le comprends. Moi, j’aime bien les castings. J’en ai fait plein. Tiens, par exemple, pour Rien à foutre, j’avais fait un essai dans un aéroport, et les réalisateurs ( Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, ndlr ) m’avaient demandé de faire plus ou moins ce qu’ils projetaient du quotidien d’une hôtesse de l’air low cost, c’est-à-dire se lever tôt, se maquiller, etc. Je n’ai aucun malaise avec le fait de passer des castings. Ce n’est pas parce que j’ai collé au personnage de Je verrai toujours vos visages que je sais jouer tous les rôles. À chaque fois, tu as quand même un défi, celui de te dire: ‘Tiens, est-ce que je suis la meilleure personne pour raconter ce personnage?’ Du coup, je n’ai pas du tout d’ego là-dessus.

Society #258

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