Philippines

Ave María

En 2021, la journaliste philippine Maria Ressa devenait (conjointement avec Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta) la première journaliste depuis 1935 à se voir décerner le prix Nobel de la paix pour le travail de son média en ligne Rappler face aux exactions du président Rodrigo Duterte. Interpellée à de multiples reprises, elle continue, à 60 ans, de se battre pour que les journalistes soient protégés, et déroule le fil d'une carrière qui raconte comment les réseaux sociaux ont fini par rendre son métier de plus en plus dangereux.
  • Par Thomas Pitrel et Vincent Riou
  • 15 min.
  • Interview
Illustration pour Ave María
Photos : Moises Saman (Magnum)

Vous êtes partie vivre aux États-Unis dans votre enfance, puis quand vous êtes revenue dans votre pays natal, les Philippines, vous êtes devenue journaliste par accident, par le biais d’une amie qui travaillait pour une chaîne de télé, alors que vous n’étiez pas du tout partie pour ça. Que s’est-il passé? J’ai fait des études scientifiques, je pensais devenir médecin, puis je me suis rendu compte que je n’aimais pas la vue du sang. Alors comme j’étudiais aussi le théâtre, j’ai écrit pour ma thèse de dernière année une pièce qui a été sélectionnée au Fringe Festival d’Édimbourg (‘Sagittarius’, une allégorie de son histoire personnelle et de celle des Philippines, ndlr). Quand je suis revenue ensuite à Manille pour étudier le théâtre, c’était plutôt pour retrouver mes racines. J’avais envie de comprendre le monde, les gens, comment fonctionnent nos sociétés. Mais au moment où je faisais du théâtre, si on m’avait dit que je deviendrais une journaliste télé, j’aurais rigolé. Je veux dire, c’est la façon la moins naturelle d’être naturelle, non?

Reporters sans frontières

Society #240

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