
Tu es actuellement à l’affiche de deux films français -un sur une plateforme, l’autre au cinéma–, d’une série et d’un film américain, dont tu doubles un personnage. Comment tu choisis tes projets? À la lecture du scénario. J’entendais un auteur tout à l’heure à la radio qui disait que ce n’est pas du tout la même chose d’écrire un roman et un scénario, que les scénarios ne sont pas écrits pour être lus, que ce ne sont que des trucs techniques. Je ne suis pas du tout d’accord. Un scénario, pour les acteurs et les actrices, c’est fait pour être lu. Et tu sais tout de suite, je trouve, si tu as envie de le faire ou pas. Le film de Mourad (L’Amour c’est surcoté, de Mourad Winter, ndlr), je le trouvais archi-golri et ça me plaisait que le personnage principal soit un Arabe en France, et que ce ne soit pas le sujet.
Ça fait une grosse promo à assurer, cette actu… C’est un truc que j’apprends avec ce qui se passe pour moi, là: la promo, ça fait vraiment partie du métier. Et c’est vraiment ce qui m’intéresse le moins. Pas parce que je n’aime pas défendre ce que je fais, car c’est assez facile à défendre, en fait, mais parce que la plupart des questions qu’on te pose ne sont pas du tout en rapport avec ça. Jesse Eisenberg disait ça au moment de la promo de A Real Pain : ‘On passe notre life à raconter notre life , alors que notre métier, c’est d’en raconter d’autres.’ En promo, tu es tout le temps en train de t’autoanalyser et ce n’est pas sain, je pense. Donc ça me fait un peu chier. Et puis ça me prend énormément d’énergie, du coup je n’ai pas du tout le temps de créer en dehors. En plus, je n’ai aucune méthodologie de travail, je ne peux pas m’installer et me dire: ‘Je vais écrire maintenant.’ Juste, d’un coup, ça me gratte, je sais que c’est maintenant. Là, je sais que ça va bientôt me gratter et qu’il va falloir que j’écrive. C’est cool parce qu’il y a deux mois, je t’aurais dit: ‘Je n’ai plus aucune sève.’ Et ce n’était même pas l’époque où je savais que j’avais un cancer, j’étais juste fatiguée.
Ton cancer, on peut en parler? Oui. J’ai dit au mec de GQ dans une interview que j’avais un cancer de la thyroïde. Il m’a posé des questions, mais je pense qu’il était gêné. Les gens sont gênés. Même ceux avec qui je travaille. Je leur dis: ‘Mais vous pouvez le dire, il n’y a absolument rien de grave.’