
Vous écrivez que les épidémies révèlent les failles produites par la société. Où sont nos failles dans cette crise-là? Je crois que les pandémies n’arrivent pas par hasard. Dans notre cas, nous avons créé un monde terriblement surpeuplé avec 7, 8 milliards d’habitants. Les gens sont concentrés de façon très dense dans des villes énormes. Partout dans le monde, nous avons des transports très rapides, des millions de gens en mouvement constant, de telle sorte que ce qui se passe à Jakarta le matin arrive le soir à Paris ou New York. Nous sommes vulnérables, particulièrement aux maladies pulmonaires, qui se transmettent par l’air. Un autre aspect de notre vulnérabilité est dû à ce que nous faisons à notre environnement. Nous envahissons des habitats naturels et, par conséquent, nous avons des contacts que nous n’avions jamais eus auparavant avec des animaux qui sont des réservoirs à virus. Ce n’est donc pas un hasard si l’homme est de plus en plus contaminé par des animaux ou des arbres. Il semble également que ces virus, du H1N1 jusqu’au coronavirus, en passant par le SRAS et la grippe aviaire, sont toujours plus nombreux. C’est particulièrement dramatique, car notre civilisation n’y est pas préparée.