
Dans The Virgin Suicides , son premier roman paru en 1993, il plongeait dans l’ennui des banlieues d’une Amérique qui croyait alors en sa chute prochaine. Neuf ans plus tard, Middlesex abordait le rêve américain d’une famille d’immigrés rattrapée, comme l’Amérique elle-même, par ses péchés originaux. Pas pressé, Eugenides laissait ensuite passer neuf nouvelles années avant de réapparaître avec Le Roman du mariage, l’histoire d’un triangle amoureux composé de trois étudiants qui ne savent pas choisir entre la théorie de la vie et sa pratique.
Le voici en 2016, attablé dans un café de l’Upper East Side new-yorkais, à trois semaines des résultats d’une élection comme il n’en a encore jamais vue. Tout le monde semble s’en faire pour l’Amérique, mais Jeffrey Eugenides, lui, a l’air de bonne humeur. Il assure que “les optimistes et les pessimistes mourront de la même façon, alors autant être optimiste”, citant ainsi quelqu’un dont il a “oublié le nom”. C’est Shimon Peres. Qui vient d’ailleurs de mourir. De Detroit, où il est né, jusqu’au futur de la littérature américaine, l’écrivain s’installe pour énumérer les changements d’un pays qui n’en finit plus de se contredire. Avant de nouer une cravate autour de son cou et de partir en direction du dîner de lancement du dernier numéro du New York Times Style Magazine. En croisant les doigts pour que l’invitée d’honneur, Michelle Obama, ait pu se libérer pour l’occasion. “Je suis superfan d’Obama. Il a été l’un des meilleurs présidents que l’on ait jamais eus.”