MIDWEST

« Cette idée de classe dominante WASP n’existe plus »

Issu d'une deuxième génération d'immigrés grecs, élevé dans la banlieue de Detroit et devenu écrivain à succès -il a notamment reçu le prix Pulitzer en 2003-, Jeffrey Eugenides a, depuis qu'il a commencé à écrire dans les années 1990, connu plusieurs Amériques, qu'il a chroniquées dans chacun de ses romans. Et qu'il revisite ici, alors que son pays négocie un nouveau tournant de son histoire.
Un homme portant des lunettes de soleil et un costume se tient partiellement caché derrière un rideau, avec la lettre "J" visible à côté de lui.
Photo : Jimmy Kets
  • Par Hélène Coutard
  • 9 min.
  • Interview

Dans The Virgin Suicides , son premier roman paru en 1993, il plongeait dans l’ennui des banlieues d’une Amérique qui croyait alors en sa chute prochaine. Neuf ans plus tard, Middlesex abordait le rêve américain d’une famille d’immigrés rattrapée, comme l’Amérique elle-même, par ses péchés originaux. Pas pressé, Eugenides laissait ensuite passer neuf nouvelles années avant de réapparaître avec Le Roman du mariage, l’histoire d’un triangle amoureux composé de trois étudiants qui ne savent pas choisir entre la théorie de la vie et sa pratique.
Le voici en 2016, attablé dans un café de l’Upper East Side new-yorkais, à trois semaines des résultats d’une élection comme il n’en a encore jamais vue. Tout le monde semble s’en faire pour l’Amérique, mais Jeffrey Eugenides, lui, a l’air de bonne humeur. Il assure que “les optimistes et les pessimistes mourront de la même façon, alors autant être optimiste”, citant ainsi quelqu’un dont il a “oublié le nom”. C’est Shimon Peres. Qui vient d’ailleurs de mourir. De Detroit, où il est né, jusqu’au futur de la littérature américaine, l’écrivain s’installe pour énumérer les changements d’un pays qui n’en finit plus de se contredire. Avant de nouer une cravate autour de son cou et de partir en direction du dîner de lancement du dernier numéro du New York Times Style Magazine. En croisant les doigts pour que l’invitée d’honneur, Michelle Obama, ait pu se libérer pour l’occasion. “Je suis superfan d’Obama. Il a été l’un des meilleurs présidents que l’on ait jamais eus.”

Society #43

Une personne à cheval se tient devant un groupe aligné de policiers en tenue anti-émeute dans un paysage désertique.
Photos: Zen Lefort pour Society

« Nous devons couper la tête du serpent noir »

Lakotas, Cherokees, Apaches, Iroquois, Comanches. En quelques mois, ils sont des centaines à s'être mis en route pour rejoindre Standing Rock, au beau milieu du Dakota du Nord, pour former ce qui est devenu le plus gros rassemble d'Amérindiens depuis les manifestations de Wounded Knee en 1973. Au cœur de leur combat: empêcher qu'un pipeline ne dénature leurs terres sacrées. Et, plus largement, "ouvrir les yeux" de l'Amérique blanche sur leur funeste sort.
Des hommes enveloppés dans des couvertures en Mylar dorment sur le sol et les bancs en béton. Un homme boit de l'eau directement d'un bidon, partagé par de nombreux détenus.
Dr

Dans l’enfer des glacières

Les migrants venus du Mexique les connaissent sous le nom de hieleras, les glacières. En Arizona, du côté américain de la frontière, la police entasse dans des centres de détention frigorifiés des centaines d'hommes, femmes et enfants dont le seul crime est d'être entrés illégalement aux États-Unis. Prévues pour être provisoires, les hieleras sont, en réalité, le plus souvent de véritables prisons. Jusqu'à quand?
Illustration pour Les soldats oubliés
Mario Rodriguez, expulsé en 2005.Photos: Robert Benson pour Society

Les soldats oubliés

Ils ont servi l'armée américaine et l'Amérique leur avait promis leur naturalisation en retour. Mais pour des milliers de soldats immigrés, le rêve a tourné au cauchemar: la nationalité américaine n'est jamais arrivée, et au moindre accroc avec la justice, ils ont été expulsés dans le pays d'origine de leur famille. Reportage au Mexique, à Tijuana, où, à proximité de la frontière, des dizaines de banished veterans survivent tant bien que mal.
Illustration pour Certains late show

Certains late show

La télé américaine ne serait pas ce qu'elle est sans les late shows, émissions nocturnes et humoristiques où vedettes hollywoodiennes, pop stars et politiciens de premier rang se précipitent pour étaler leur “coolitude”. Et ça marche: plus populaires que jamais, ces shows influencent considérablement la conscience politique des 18-24 ans. En pleine course présidentielle américaine, plongée dans les coulisses de la télé la plus puissante (et la plus drôle) du monde.

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