Anne-Clémentine Larroque: Al-Qaida naît à Peshawar en 1987 à la suite de l’action d’Abdallah Azzam et de son disciple, Oussama Ben Laden, rejoints par Ayman al-Zawahiri. Dès le départ, Azzam et Al-Zawahiri ne sont pas d’accord. Azzam veut travailler sur la création d’un émirat local -ce que font les talibans–, tandis qu’Al-Zawahiri veut attaquer les pays arabes dirigés par des ‘impies’, puis les mécréants: les États-Unis et les Occidentaux. Le départ d’Afghanistan des troupes soviétiques en février 1989 permet en tout cas de véhiculer une croyance en la toute-puissance du djihad. Pour les moudjahidine, c’est la force de Dieu qui a provoqué la victoire sur la superpuissance soviétique. Et les vétérans de cette guerre vont ensuite diffuser cette certitude dans leurs pays d’origine, consacrant l’internationalisation du djihadisme, par exemple en Algérie pendant la décennie sanglante.
Abdel Bari Atwan: Lors de la guerre en Afghanistan, à la fin des années 1980, Ben Laden s’est battu avec les moudjahidine sous la tutelle des États-Unis. Les Américains les ont en fait utilisés pour servir leurs propres intérêts: expulser les troupes soviétiques du territoire. Mais à la fin de la guerre, ils ne leur ont pas dit ‘merci pour votre aide, vous avez fait du bon boulot’. Ils les ont considérés comme des terroristes. C’est de là que part la radicalisation de Ben Laden. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il est converti au wahhabisme, l’interprétation la plus radicale de l’islam. Al-Qaida prône ce wahhabisme, qui encourage par ailleurs les fidèles à sacrifier leur vie au nom de sa cause. C’est ce qui se passera le 11 septembre 2001.
ACL: Progressivement, les États-Unis sont touchés par plusieurs attentats dans les années 1990 (notamment une attaque à la voiture piégée dans le World Trade Center en 1993, puis celle du navire américain USS Cole en 2000 au Yémen, ndlr) et des ambassades américaines sont attaquées (le 7 août 1998, celles de Nairobi, au Kenya, et de Dar es Salaam, en Tanzanie, sont prises pour cibles, ndlr).
