Iran

Comment en finir avec l’apartheid de genre?

Lauréate du prix Nobel de la paix en 2023, emprisonnée dix ans au total par le régime iranien, actuellement en détention et risquant d'y passer encore onze ans, la journaliste et militante Narges Mohammadi est l'une des voix les plus importantes du combat pour la liberté de la presse et les droits des femmes. En mars dernier, elle lançait un appel à “criminaliser l'apartheid de genre”, dénonçant une “ségrégation systématique et institutionnalisée” à l'égard des femmes en Iran. Elle a choisi aujourd'hui de poser des questions sur ce thème à sept autres femmes de par le monde. Voici leurs réponses.
  • Propos recueillis par Lucas Duvernet-Coppola pour Narges Mohammadi
  • 34 min.
  • Interview croisée
Illustration pour Comment en finir avec l’apartheid de genre?
Narges Mohammadi Foundation / AFP

Conversations avec Narges Mohammadi

Imaginez si, dans votre pays, les lois autorisaient les hommes à avoir quatre femmes en même temps, mais que si les femmes mariées avaient des relations sexuelles avec un autre homme, elles seraient condamnées à la lapidation ou bien exécutées. Si les femmes portaient les enfants, et que les hommes devenaient les tuteurs et les gardiens absolus de ces enfants, à tel point que même s’ils tuaient leurs enfants ou leurs petits-enfants, ils ne subiraient pas de représailles en raison de leur tutelle, mais que si une mère tuait son enfant, elle serait condamnée. Si les femmes travaillaient aux côtés des hommes, mais que leur part de l’héritage de leur père était inférieure de moitié à celle de leurs frères, et que leur part de l’héritage de leur mari était la plus petite. Si les filles, à partir de 6 ans, même pour entrer à l’école et recevoir une éducation, étaient obligées de porter le hijab.

Si les femmes mariées ne pouvaient pas quitter leur pays pour quelque raison que ce soit, même impérieuse, sans l’autorisation de leur mari ou de leur père, même si elles étaient ministres ou députées. Si seuls les hommes avaient le droit de divorcer et que les femmes en étaient privées. Si la loi, explicitement et en toutes circonstances, désignait les hommes comme chefs de famille. Si les femmes qui ne portaient pas le hijab se voyaient refuser éducation, emploi, services sociaux et même le droit de se faire soigner. Si la loi et la religion proclamaient que le devoir d’une femme était de se soumettre à son mari et qu’elle n’avait pas le droit de lui refuser des relations sexuelles, peu importe qu’il soit violent. Si les relations sexuelles entre hommes étaient interdites, et que le partenaire passif était sujet à exécution.

Reporters sans frontières

Society #240

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