Entretien

Discours sur l’État de l’Union

Alors que plusieurs grandes villes pourraient se retrouver avec un maire écologiste le 28 juin prochain, le premier d’entre eux, Éric Piolle, élu à Grenoble en 2014 et quasi assuré de renouveler son mandat, pense déjà au coup d'après. Son but: exporter à l'échelle nationale son modèle d'union de la gauche, ou plutôt ce qu'il appelle “l'arc humaniste”. Reste à trouver les flèches.
  • Par Barnabé Binctin et Thomas Pitrel, à Grenoble
  • 13 min.
  • Interview
Un homme se tient debout derrière des plantes dans un coin d'une pièce aux murs en bois.
Portrait de Eric Pillot, maire de Grenoble, dans la mairie.Photos: Felix Ledru pour Society

Vous avez refusé de fusionner votre liste avec celle d’Olivier Noblecourt pour le second tour des municipales, au motif qu’il avait été délégué interministériel à la Prévention et à la lutte contre la pauvreté jusqu’en janvier dernier, donc macroniste. Pourtant, vous restez proche de Matthieu Orphelin, ancien député LREM, et de Nicolas Hulot, ancien ministre du gouvernement Philippe. La frontière est assez fine, non? Pour moi, elle est bien épaisse. Il y a des gens comme Nicolas Hulot et Matthieu Orphelin qui, en 2017, font le choix de la macronie non pas par idéologie, mais parce que Macron amenait alors une nouveauté attirante et cassait le système bipartisan. Mais ensuite, il y a rupture. Nicolas m’a appelé quelques jours avant sa démission, en août 2018, il m’a dit: ‘Ça n’évolue pas, on n’arrive pas à changer leur façon de regarder les choses, les gens sont happés par la machine parce qu’ils vont voir Macron, qui séduirait une chaise. Ils sortent du bureau en ayant l’impression d’être plus intelligents qu’Einstein et plus importants pour la paix que Gandhi.’ Noblecourt ne dit pas ça, lui, il dit: ‘Je suis fier de ce que j’ai fait au service de ce gouvernement, et qui continuera sans moi.’

Society #133

Illustration pour Dominic C
ILLUSTRATION: ANTHONY GERACE

Dominic C

Il voulait faire de la Grande-Bretagne post-Brexit une sorte de start-up nation shootée aux stéroïdes. Architecte du “Leave” et conseiller principal de Boris Johnson, voilà Dominic Cummings, Machiavel sauce lad, empêtré dans une polémique sans précédent liée à sa violation des règles de confinement et à une réponse trop tardive à la crise sanitaire. Portrait de celui que l'ancien Premier ministre David Cameron a un jour traité de “psychopathe de profession”.
Illustration pour Le prix du Nobel
d'après AFP / MICHEL CLEMENT

Le prix du Nobel

En 2008, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier obtenaient le prix Nobel de médecine pour avoir isolé, 25 ans plus tôt, le virus du sida. Aujourd'hui, la première est à la tête du comité d'experts de l'Élysée sur le coronavirus, quand le second s'est ostracisé en s'enfonçant dans le complotisme. Deux trajectoires opposées qui en cachent d'autres: celles des scientifiques ayant travaillé dans la même équipe, avant d'être les grands oubliés d'une récompense aux allures de malédiction. Et qui rappellent, en ces temps de course au vaccin, combien le monde de la recherche médicale peut être violent.

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