
Peut-on parler d’une crise de confiance des Américains? Oui, et je pense qu’on peut la dater: cela a commencé avec la seconde guerre en Irak. Ce conflit n’a pas été seulement un échec individuel pour les dirigeants du pays, mais un échec global pour les États-Unis. Les médias aussi ont échoué, ils n’ont pas posé les bonnes questions. Le résultat, c’est que les gens ont perdu confiance dans le pays et ses institutions. Ils se sont aperçus que leur pays se foutait d’eux. Parallèlement, vers 2008, les banques, l’immobilier, tout s’est mis à dégringoler d’un coup. C’est là qu’est né ce que j’appelle l’Unwinding process: le sentiment que les gens s’éloignent les uns des autres, de la société, qu’un certain contrat social est en train de se briser. Avant le 11-Septembre, ce pays avait déjà connu au moins trois grands événements qui avaient mené à un changement de la société: il y a eu la création des États-Unis, la guerre civile et la crise financière de 1929. À chaque fois, le gouvernement et les institutions avaient eu des réponses – bonnes ou mauvaises – aux questionnements engendrés par les événements. Mais aujourd’hui, c’est comme si le public ne croyait plus au pouvoir du gouvernement ou à ses décisions.