
La prison Mariscal-Zavala, située dans la zone 17 de Guatemala City, est un endroit étrange. Pour y entrer, il faut d’abord se garer sur le parking d’un centre commercial, entre un Pizza Hut et un Domino’s Pizza. Puis marcher quelques mètres et se présenter à la grille. Là, un jeune militaire portant un béret, un appareil dentaire et une mitraillette presque aussi grande que lui sort de sa guérite pour un contrôle d’identité, avant d’indiquer une zone boisée au loin. Pour atteindre le deuxième poste de contrôle, il faut ensuite parcourir près d’un kilomètre à pied sous un soleil brûlant. Sur la route qui serpente entre de hauts cyprès, on croise des vendeurs proposant tostadas et boissons. Le sol est jonché de canettes. La prison Mariscal-Zavala n’est pas exactement ce que l’on attend d’une prison. Peut-être parce qu’il y règne un certain désordre, ainsi qu’une absence de règles formelles. Peut-être aussi parce que dans ses allées, un ancien chef de la sécurité de l’État, condamné pour corruption, vend des brochettes pour se faire un peu d’argent. Des gardiens sont postés tous les 50 mètres, qui écoutent de la musique tropicale en pianotant sur leur smartphone. Un homme consigne les noms et horaires de visites sur un cahier à spirales. Puis il tamponne le bras, confisque le passeport et accompagne vers le troisième poste de contrôle. Six gardes. Digression: l’endroit pourrait presque prêter à sourire tant il ressemble aux prisons où des dictateurs latinos colériques enferment leurs opposants dans les mauvais films d’action hollywoodiens. Retour à la réalité: la dernière grille donne sur un couloir commun aux trois cellules du quartier d’isolement. Seule celle du milieu est occupée. À l’intérieur, le journaliste le plus célèbre du Guatemala: José Rubén Zamora Marroquín, qui ouvre la porte.