Entretien

“J’aime bien quand ça ne fait pas film”

Dix-sept ans déjà depuis La Graine et le Mulet. Dix-sept ans qu'Hafsia Herzi multiplie les rôles exigeants dans le cinéma d'auteur et réalise ses propres films, loin de tout plan de carrière tracé à l'avance. Aujourd'hui à l'affiche de La Prisonnière de Bordeaux, de Patricia Mazuy, l'ancienne ado des quartiers nord de Marseille fait le bilan.
  • Par Victor Le Grand et Vincent Riou
  • 18 min.
  • Interview
Illustration pour “J’aime bien quand ça ne fait pas film”
Photos: Marie Rouge (pour UniFrance)

Est-ce que ça vous arrive de vous demander ce que vous seriez devenue si vous aviez été prise au casting de Plus belle la vie au lieu de celui de La Graine et le Mulet ? Ah, ça… Oui, j’y réfléchis parfois. Mais ce à quoi je pense souvent quand je réfléchis au destin, c’est surtout: et si je n’avais pas pris la décision, après le tournage de La Graine et le Mulet, de m’installer à Paris? J’ai eu cette présence d’esprit –un mélange de pressentiment et de superstition– de me dire: ‘Tu as une chance, il faut la saisir.’ Je savais que pour avancer, il fallait que je m’éloigne de Marseille. Même ma mère m’y a encouragée.

Il fallait s’éloigner de quoi? Il fallait fuir les quartiers nord où j’ai grandi, couper un peu avec le passé, même si je n’étais pas dans la délinquance et tout ça… Mais parfois, même sans y être, quand on est dans un milieu qui n’est pas toujours très sain, on peut avoir des problèmes. Je le vois bien: j’ai plein d’amis d’enfance qui n’ont malheureusement pas très bien tourné ou qui ont eu des vies difficiles.

Society #239

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