Interview

“Je n’en peux plus de dessiner des AK-47”

Trente ans après Palestine, sa grande œuvre regroupant ses reportages dessinés dans la région, l'auteur de comics américain Joe Sacco publie Guerre à Gaza, 30 pages de réflexion sur la tragédie en cours. Et avertit: pour s'en sortir, “il va falloir élever le niveau intellectuellement”.
  • Par Arthur Cerf et Sylvain Gouverneur
  • 12 min.
  • Interview
Un homme est assis dans un bureau encombré avec des papiers, des livres et des fournitures de bureau autour de lui. Il est entouré de fenêtres avec des stores et un tapis coloré recouvre le sol.
Photos: Will Matsuda pour Society

Comment avez-vous vécu les événements du 7 octobre 2023? Je ne me souviens pas exactement d’où j’étais ni de comment je l’ai appris, mais j’ai le souvenir d’un choc. Je ne veux pas dire que le choc subi côté israélien a été supplanté par celui de Gaza ; le nombre de civils israéliens qui ont été tués continue de me choquer. Je savais que la réponse d’Israël allait être terrible, mais je n’étais pas préparé au niveau de violence qui s’est abattu sur Gaza. Aujourd’hui, ce sont des chocs quotidiens, quand tu entends parler du nombre de personnes tuées.

Vous avez pu être en contact avec des gens à Gaza? J’ai passé quelques mois à Rafah, quelques semaines à Khan Younès. J’y ai des amis, je leur ai tout de suite écrit. Au début, ils pouvaient répondre, même si ça prenait parfois des jours. Je m’inquiétais, évidemment. Globalement, eux aussi étaient choqués par ce qui se passait. L’un d’eux m’a dit qu’il avait l’impression de vivre dans un ‘rêve’, ‘c’est comme un rêve’, alors qu’il voulait dire ‘cauchemar’. Au début, je lisais ce que je pouvais lire, je regardais Al Jazeera, parce qu’ils avaient des reporters sur place. Les journalistes palestiniens ont aussi fait un très bon travail, dans des conditions extrêmes. Ça donne une idée de l’ampleur de ce qui passe tous les jours.

Society #242

À lire aussi

Abonnez-vous à Society+ dès 4.90€

Des centaines de docus à streamer.
7 jours gratuits !