KARL OVE KNAUSGAARD

“Je pars du principe que ce que l'on appelle le progrès n'est pas forcément une bonne chose”

Des milliers de pages noircies et presque autant de polémiques. Avec sa saga fleuve MON COMBAT, le Norvégien KARL OVE KNAUSGAARD a fait couler beaucoup d'encre, au propre comme au figuré. Pourquoi?Alors qu'il revient avec un nouveau livre, le bien nommé En été, il répond.
  • Par Julien Duez et Arthur Jeanne
  • 12 min.
  • Interview
Illustration pour “Je pars du principe que ce que l’on appelle le progrès n’est pas forcément une bonne chose”
Photos: Peter van Agtmael / Magnum

Vous êtes devenu célèbre dans le monde entier avec Mon combat, votre œuvre autobiographique en six tomes. Dans quel but avez-vous commencé à écrire cette saga en 2012? Je voulais parler de ma relation avec mon père et de la manière dont il est mort. Pendant des années, j’ai eu le sentiment que ce n’était pas réel, que c’était monté de toutes pièces. Comme je suis naturellement lâche et que je cherche à éviter les conflits, j’ai longtemps romancé dans mon écriture certaines choses parce que quelque part, je m’interdisais de dire ce que je pensais vraiment, au profit de ce qui plairait aux gens. Puis progressivement, je me suis libéré de ce carcan, et j’ai évolué pour tenter de coller davantage à la réalité.

C’est pour cela que vous dites que c’est une malédiction d’avoir un écrivain dans une famille? Oui, et quelque part, j’ai passé un pacte faustien vis-à-vis de mon père et de sa famille. Je leur ai envoyé le livre et ils ont voulu le faire interdire. De même, mon histoire et celle de mon ex-femme sont devenues publiques (celle-ci est tombée en dépression après avoir lu le premier tome, ndlr). J’en suis le responsable. Ça doit être dur pour elle, mais cela fait désormais partie de sa vie. J’en ai décidé ainsi.

Society #184

Une illustration montre une rue avec des bâtiments, des personnes marchant, et des panneaux de signalisation. Un texte indique l'appartement où se cachaient certaines personnes.
Illustrations: Emmanuel Prost pour Society

48, rue de l'Oubli

Le 18 novembre 2015, les habitants du 48 rue de la République, à Saint-Denis, étaient réveillés en pleine nuit par l'assaut contre deux terroristes des attentats du 13-Novembre qui se cachaient dans leur immeuble. Pris pendant plus de sept heures entre les balles du RAID et les dégâts causés par le déclenchement de la ceinture explosive d'un des fugitifs, ces habitants souffrent encore, sept ans plus tard, de graves séquelles. Que la justice, qui ne leur a jusqu'ici pas accordé le statut de victimes, rechigne à reconnaître.Voici leur histoire.
Un groupe de personnes est rassemblé devant Stonehenge. Une personne au centre est enveloppée dans une couverture blanche, tenant un petit objet dans ses mains. L'ambiance semble être celle d'un rassemblement ou d'un événement.
Photos: Theo McInnes pour Society

Complètement stone

Chaque 21 juin, dans le Sud-Ouest de l'Angleterre, des milliers de personnes s'amassent autour des pierres mégalithiques de STONEHENGE afin d'accueillir le jour le plus long de l'année.Depuis quelques années, le solstice d'été est aussi la démonstration d'un phénomène constant: les Britanniques seraient de plus en plus nombreux à embrasser druidisme, paganisme et folklore. Parce qu'il s'agit du meilleur remède à la crise identitaire que traverse le pays du Brexit?
Une scène colorée représentant un hôtel avec des personnes en uniforme vert, un ruban de sécurité, une voiture de police et des palmiers en arrière-plan. Le ciel est jaune avec un soleil brillant.
Illustrations: Simon Bailly pour Society

La chute

Le 2 juillet 2018, vers 4h30, Loïc Goudard, jeune agriculteur en formation originaire de l'Ain, chutait du septième étage d'un hôtel de Magaluf et décédait quelques heures plus tard. Suicide, comme l'a d'abord conclu la police espagnole? Ou énième accident, dans cette station balnéaire bon marché de l'île de Majorque tristement habituée à la pratique du balconing? Ni l'un ni l'autre, selon la famille, persuadée que Loïc était poursuivi. Et qui, quatre ans plus tard, bataille pour ne pas voir le dossier se refermer définitivement.

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