Kaamelott, comme peu d’œuvres en France, suscite des réactions extrêmement passionnées. Par exemple, avant même d’avoir vu le film, les gens s’écharpent sur les affiches ou le trailer. Comment vous vivez ça? Je ne me sens pas très concerné: c’est identitaire. Il y en a qui veulent faire partie des gens-qui-aiment-Kaamelott. Certains se marient Kaamelott, font des fêtes Kaamelott, des voyages Kaamelott… Et il y en a qui tiennent absolument à faire partie des gens-qui-n’aiment-pas-Kaamelott. Mais ça non plus, ça ne me regarde pas. Moi, je fabrique. La façon dont les gens l’utilisent, c’est pas mon problème. Quand je suis allé au Grand Rex pour les 30 ans de Star Wars avec ma fille, il y avait des mecs qui traversaient la salle avec des sabres laser, d’autres qui venaient habillés en Chewbacca. On parlait surtout d’eux au JT de TF1 ; parce qu’on ne sait pas bien parler de Star Wars en France, alors on préfère parler des trous du cul déguisés en Chewbacca qui campent devant la salle. Toi, t’es au milieu et t’as envie de dire: ‘Mais bordel, on est obligé d’être ce gars-là quand on aime Star Wars ? Je suis venu parce que j’aime bien ce que Lucas fait. Je peux?’ Avec ma fille, on n’est pas de Paris, on est venus en train, elle et moi tout seuls, le trajet, le petit resto, le film… On n’a rien dit, on n’a pas gueulé. J’ai l’impression que, sans m’en rendre compte, c’est pour ceux-là que je bosse. Par exemple, il y a une salle à Nantes où les loges sont à l’étage, avec de grandes baies vitrées qui donnent sur le parking. Tu t’habilles, tu te prépares, et tu vois les gens qui se garent. Ils prennent leur bifton, ils entrent dans la salle. C’est hypertouchant, parce qu’il y a de tout. Une nana qui vient avec ses deux gamins. Les gamins, c’est ce qui me touche le plus, je crois.