

Bruce Springsteen a dit que vous étiez celui qu’il fallait pour jouer son rôle, après vous avoir vu incarner le chef cuisinier Carmy dans la série The Bear. Qu’est-ce qui lie ces deux personnages? Ce sont tous les deux des artistes à leur manière, et ils ne se sentent vraiment eux-mêmes que dans leur art. À l’époque où se déroule le film (le tout début des années 1980, ndlr), Bruce ne se sent vivant que sur scène. Tout le reste de sa vie lui paraît fade, inutile, et il a du mal à se comprendre lui-même. Carmy, c’est pareil: il ne vit que lorsqu’il est dans son élément, sa cuisine. Dès qu’il en sort, il est perdu.
Vous avez discuté de ça avec Springsteen? Oui, très tôt dans le processus. Je l’ai interrogé sur des moments précis, notamment sur la panique qui l’avait saisi lors d’un road trip à travers l’Amérique (le film raconte comment Springsteen, alors en train de devenir une star, affronte les démons de son enfance, ndlr). Il m’a décrit ce sentiment d’être spectateur de sa propre vie. Il m’a expliqué que sur scène, il se sentait vraiment présent, mais tout le reste du temps, surtout à l’époque du film – et encore aujourd’hui, dans une certaine mesure-, il avait beaucoup plus de mal à exister. Quand on joue une personne réelle, surtout quelqu’un d’aussi connu, cette forme d’enquête doit forcément faire partie du processus. Là, j’avais environ six mois pour me préparer et en apprendre le maximum sur lui. Mais au bout du compte, une fois sur le plateau de tournage, on s’appuie toujours sur son instinct.















