Entretien

“La gauche va-t-elle mieux?”

En 2015, alors que la gauche gouvernait la France et semblait en position de force, Gaël Brustier, politologue et compagnon de route du Parti socialiste, s'alarmait du fait qu'elle était, en réalité, en train de perdre la bataille des idées et de se couper des classes populaires. Neuf ans et beaucoup de bouleversements plus tard, il reprend ici son analyse.
  • Par Emmanuelle Andreani
  • 16 min.
  • Interview
Illustration pour “La gauche va-t-elle mieux?”

L’alliance de gauche est arrivée en tête aux législatives. Est-ce que ça veut dire que la gauche renaît enfin de ses cendres? Oui, mais il ne faut pas oublier que dans le même temps, le RN est passé de quatre millions et quelques de voix à 10,6 millions… Après, c’est vrai que les forces de gauche ont beaucoup mobilisé, essentiellement sur le thème du Front populaire, en faisant appel à l’imaginaire du 6 février 1934 et au danger des forces nationalistes antiparlementaires et accessoirement fascistes de droite. Est-ce à dire que la gauche va mieux? Je n’en suis pas certain.

Pourquoi? Le constat que l’on peut faire au sujet de la gauche, c’est qu’elle s’est, au fil des années, auto-dissoute en tant qu’intellectuel collectif. L’idée d’intellectuel collectif, défendue par Pierre Bourdieu, a épousé Mai-68, marqué les années 1970, pour arriver en 1981, en queue de comète de tout ça, à produire François Mitterrand au pouvoir. Or aujourd’hui, on n’a pas l’impression qu’il y ait un intellectuel collectif extrêmement abouti. Le PS actuel travaille assez peu. Il n’y a plus de courants comme la gauche socialiste de Julien Dray, Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann, de courant chevènementiste, de courant rocardien… On a une gauche extrêmement affaiblie sur le plan idéologique et qui vogue un peu, à mon sens, sur la dernière mode du moment.

Élections législatives – À front les manettes

Society #235

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