
Il paraît que votre attirance pour le métier de comédienne est née… au Club Med. C’est vrai. Quand j’étais petite, j’ai vraiment connu le Club Med des Bronzés, les cases avec les lits de camp. On allait en Corse, au Portugal, et j’allais au mini-club où, toute la semaine, au milieu des autres activités, tu préparais le spectacle de fin de séjour. J’adorais ça! Ensuite, dès que je pouvais jouer la comédie, je fonçais, que ce soit en colo, aux fêtes de l’école ou en famille. Je montais des spectacles, toute seule -j’étais fille unique- ou avec ma cousine, que j’embauchais.
Vous aviez des modèles? Ma culture cinéma, c’est vraiment Pierre Richard et Louis de Funès. Sans parler du Splendid. Belmondo, aussi. J’ai quelques vrais grands souvenirs de cinéma à Montreuil, puis à Vitry-sur-Seine, où on allait voir les gros trucs comme E. T., l’extraterrestre, Gremlins, James Bond… Mais sinon, c’était la télévision. Je me rappelle qu’avec ma grand-mère, le mardi soir, on regardait La Dernière Séance d’Eddy Mitchell, avec des westerns, des films noirs en noir et blanc, en VF. Ensuite, il y a eu le magnétoscope, l’abonnement à Télé K7, avec les jaquettes! Mais je n’avais pas de role model, c’est-à-dire que je n’étais pas fan de Marilyn Monroe ou d’actrices sur lesquelles je pouvais me projeter. Mon fantasme ne se portait pas vers le cinéma, parce que c’était trop inaccessible, mais vers le théâtre.
Voir émerger de nulle part Béatrice Dalle dans 37°2 le matin ou Sandrine Bonnaire chez Pialat ou Varda, ça ne vous a pas donné de l’espoir? Non, parce que ce n’était pas le cinéma que j’allais voir. Mes références, ça a plutôt été Sophie Marceau quand La Boum est sortie puis, après, Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée. Ma culture cinématographique, je l’ai développée plus tard, en fréquentant des gens qui m’ont initiée, notamment Romain Duris (qu’elle rencontrera sur Le Péril jeune et avec lequel elle sera en couple pendant cinq ans, ndlr), qui m’a fait découvrir Cassavetes, par exemple, dont je n’avais jamais entendu parler. Quand t’es ado en banlieue, le cinéma… De chez moi, c’était quand même 20 minutes de marche juste pour arriver au RER, et le soir…