
Vous devez repartir le 22 avril pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS). Ce sera votre deuxième séjour dans l’espace: ça change quoi par rapport au premier? La première fois, on y va la fleur au fusil: c’est le rêve d’une vie, on ne se pose pas de questions. On ne pense pas aux risques, à l’impact que ça peut avoir sur les proches. La deuxième fois, c’est plus intellectualisé, on réfléchit. On sait exactement comment ça va se passer, quand ça va faire peur, quand ça va faire mal.
Quand vous avez été recruté par l’Agence spatiale européenne (ESA) en 2009, l’astronaute américain Buzz Aldrin vous a dit: ‘Quand on revient sur Terre, on ne pense qu’à une chose: repartir.’ C’était votre cas, à votre retour en 2016? Non. Au début, on est vraiment content de retrouver la vie normale, ses habitudes, comme un enfant qui rentre de colonie. Aller dans l’espace, c’est fantastique parce que c’est exceptionnel: si c’était tout le temps, on s’habituerait. Au retour, ce qui me manquait vraiment, c’était le côté expédition, tout le monde qui tire dans le même sens, à travailler hyperfort. Dans l’espace, on sait pourquoi on est là quand on se lève le matin, la priorité, c’est la mission, le reste n’existe pas. La vie, c’est quand même vachement plus compliqué à gérer sur Terre, il y a plein de sollicitations, beaucoup de gens ont mon numéro de téléphone, on se disperse, on doit se couper en douze pour faire plaisir à tout le monde. Et puis la notoriété a changé ma vie. Ce n’est pas toujours facile maintenant d’être en France, pour moi.