Entretien

“Les États-Unis sont une maison hantée”

En 2017, son premier livre, Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, avait bouleversé le monde de la BD. Sept ans plus tard, l'Américaine Emil Ferris revient avec le second tome de ses aventures, encore centrées sur son alter ego de fiction, Karen Reyes, une fillette mi-détective, mi-loup garou. Pourquoi une fillette mi-détective, mi-loup garou? Lisez donc ce qui suit.
  • Par Anaïs Renevier, à Milwaukee / Photos: Caleb Alvarado
  • 17 min.
  • Interview
Une femme est assise dans une pièce remplie de dessins et d'œuvres d'art accrochés au mur. Elle porte un foulard turquoise et tient des lunettes. Devant elle, un dessin est posé sur une table. La pièce est décorée avec des objets et des lampes.

Après une vie à Chicago, vous venez d’emménager à Milwaukee, dans ce studio où tous les cartons ne sont pas encore défaits. Qu’est-ce qui vous a menée ici? J’aime beaucoup Milwaukee, je fais des recherches pour un livre qui se passe dans cette ville. C’était dur de quitter Chicago, parce que j’y suis beaucoup attachée. Mais un lieu ne peut pas être compris juste en le visitant. Il faut être sur place et connaître des jours où tu le détestes, comme dans un mariage. J’espère passer plusieurs années ici, pour vraiment comprendre et saisir la ville.

Et quelles différences remarquez-vous entre les deux villes pour l’instant? Milwaukee est en quelque sorte la cousine calme de Chicago. Elle a été fondée par des socialistes allemands qui pensaient qu’une ville appartient aussi aux gens. Il y a donc des grands boulevards où se promener, des parcs… Les bâtiments sont plus anciens également. Chicago a été en partie détruite par le Grand incendie de 1871. Ici, l’architecture est très vieille, enfin pour les États-Unis. Je ne savais pas ça quand j’ai décidé d’emménager ici, mais j’ai découvert récemment qu’un de mes ancêtres a vécu à Milwaukee dans les années 1820, avant de s’installer au Texas. C’était lui-même un socialiste allemand. D’ailleurs, il a dû fuir ensuite le Texas parce qu’il a tué un propriétaire d’esclaves et le gérant d’une plantation. C’était intéressant d’apprendre son existence: le monde est rempli de cercles fous qu’on n’imagine pas.

Society #234

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