Vaincre la solitude

“Les gens ont le sentiment de devoir se débrouiller seuls”

Eric Klinenberg est américain, sociologue et peut-être tout simplement le spécialiste mondial de la solitude. Dont il explique ici d'où elle vient, comment elle se définit et pourquoi on doit s'en méfier.
  • Par Grégoire Belhoste
  • 10 min.
  • Interview
Une personne est assise sur un radeau en bois, regardant un téléphone, entourée d'icônes d'applications comme Instagram, YouTube, Tinder et Netflix flottant dans l'eau.
Illustrations : Lisa Carpagnano pour Society

Peut-on parler d’une ‘épidémie de solitude’, comme l’a fait l’administrateur de la santé publique américaine en 2023? Il faut d’abord comprendre que la vie en solitaire, l’isolement social et la solitude sont des choses distinctes. Il n’existe pas de norme universelle pour mesurer la solitude, qui par ailleurs a des significations différentes selon les personnes. Votre seuil de connexion sociale, ce dont vous avez besoin pour vous sentir bien, peut être très différent du mien. De nombreuses personnes n’ont pratiquement pas d’amis et très peu d’interactions sociales dans leur vie quotidienne, mais elles ne se sentent pas ‘très seules’ pour autant. D’autres passent leur temps en interaction constante mais ressentent une profonde solitude. Pour être plus fiables, les études doivent mieux définir l’expérience spécifique de la solitude et nous devons affiner notre vocabulaire sur la question. Je suis également réservé à propos de cette idée d »épidémie’ parce que je pense qu’elle nous empêche en réalité de prendre la solitude au sérieux. Ironiquement, en disant qu’elle est partout, qu’elle est pire que jamais et touche plus de gens que jamais, on cède à la panique et on simplifie le problème plutôt que d’y réfléchir attentivement.

Dossier - Vaincre la solitude

Society #250

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