
Dans Anesthésie générale, ton dernier one-man-show, tu évoques ton addiction à l’alcool. Tu te souviens de ton premier verre? À 14 ans, pour le passage à l’an 2000, je bois ma première coupe de champagne avec ma famille. À la première gorgée, je sens le truc qui descend dans mon corps et mon corps, justement, qui fait: ‘Oh, putain, la vache! Mais pourquoi vivre sans ça?’ Très vite et très jeune, j’ai su que j’étais alcoolique.
Donc très vite et très jeune, tu t’es mis à beaucoup boire? Non, pendant des années, j’ai réussi à maîtriser ma consommation en ne buvant que le vendredi ou le samedi -en revanche, quand je buvais, c’était n’importe quoi–, ou en n’ayant pas d’alcool chez moi, par exemple. Je savais que s’il y avait une bouteille de vin, j’allais boire une bouteille de vin ; si j’avais quatre bouteilles de vin, j’allais en boire quatre, etc. J’avais envie de boire tout le temps mais je me retenais. Quand je faisais des week-ends entre amis, je remarquais aussi qu’il y avait un truc qui changeait par rapport aux autres: je pouvais boire jusqu’à 5h, dormir trois heures, me lever et reboire tout de suite un whisky sans aucun problème. Petit à petit, l’alcool a gratté du terrain, mais je me contrôlais toujours. Jusqu’à ce que je me dise que je pouvais boire un petit verre tous les soirs. Là, terminado : je me suis mis à boire trois bouteilles de vin tous les soirs. Puis j’ai commencé à boire le midi. Puis le matin, en mettant du whisky dans mon café. À un moment donné, j’étais à sept litres de vin par jour. Principalement du rosé, avec beaucoup de glace. Sans compter les médicaments: du Lexomil pour réussir à dormir le soir et de la cortisone le matin pour me booster.